Faut que ça danse !
Faut que ça danse ! comédie de Noémie Lvovsky
avec :
Jean-Pierre Marielle, Valeria Bruni-Tedeschi, Sabine Azema, Bulle Ogier, Bakary Sangaré, Arié Elmaleh, John Arnold, Anne Alvaro, Nicolas Maury, Daniel Emilfork, Judith Chemla, Tsilla Chelton, Cécile Reigher, Michel Fau, Jutta Sammel, Michèle Gleizer, Philippe Nagau et Rosette
durée : 1h40
sortie le 14 novembre 2007
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Synopsis
Dans la famille Bellinsky : il y a Salomon le père, débordant de vie mais que le monde voudrait enterrer trop vite ; Geneviève la mère, qui peu à peu se laisse glisser dans une douce folie ; et Sarah leur fille coincée entre ses parents séparés, qui cherche patiemment à construire sa vie avec François son fiancé.
Salomon, presque 80 ans, cherche à tout prix à jouir de chaque instant. Fuyant son passé, la guerre, les morts, ses proches exterminés, il se jette à corps perdu dans la quête d’une ou plusieurs compagnes pour adoucir ses vieux jours, poursuit ses cours de claquettes sous le haut patronage de Fred Astaire, et refuse énergiquement d’incarner les clichés sur la vieillesse imposés par notre société. C’est à ce moment de sa vie qu’il rencontre Violette.
De son côté Geneviève ne rêve que d’une chose, poursuivre tranquillement son infantilisation auprès de son aide-ménager, protecteur et ange gardien, Mr Mootoosamy. Elle a peu à peu décidé que les contraintes de la réalité lui étaient trop lourdes et prend un malin plaisir à ne faire plus que ce qui lui chante : c'està- dire peu de choses. Malheureusement les finances sont au plus bas et sous l’impulsion de Mr Mootoosamy, Geneviève est bien obligée d’émerger de sa torpeur et d’agir.
Enfin, pour Sarah, la vie est compliquée, elle a bien du mal à trouver la juste place entre son père qu’elle idolâtre mais qui l’agace, et sa mère qu’elle ne comprend plus. Alors même qu’elle croyait avoir trouvé une forme de stabilité avec François, elle découvre avec stupeur qu’elle est enceinte, malgré la stérilité qui lui avait été diagnostiquée par les médecins.
Prise au dépourvu, Sarah est maintenant à son tour sommée de bâtir une famille.
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Entretien avec Noemie Lvovsky et Florence Seyvos
- : « Quelle a été l’idée de départ du film ?
Noémie Lvovsky : « L’envie de raconter quelqu’un qui commence à devenir âgé sans s’en rendre compte, puis comment il en prend conscience à travers le regard des autres, comment le monde semble vouloir le mettre à la porte. Le personnage de Salomon est apparu : un homme qui a 75-80 ans, russe, juif, rescapé… Pour ne pas se laisser enterrer vivant, il décide de rencontrer un nouvel amour. Florence me disait souvent : Tu es sûre que c’est Salomon le personnage principal, et pas sa fille ? . La difficulté était là : comment raconter un homme âgé sans connaître soi-même le grand âge ? Nous avons décidé que le personnage central serait bien Salomon, mais raconté du point de vue de sa fille. On a pensé à la voix-off de Sarah qui raconterait son père, et à partir de là, tout s’est mis en place. »
- : « Le film raconte aussi une histoire de famille. Comment avez-vous construit le scénario ? »
Florence Seyvos : « C’est une histoire de famille avec des choses à la fois un peu tristes et rocambolesques. Je me souviens d’une longue scène que Noémie avait écrite, qui ne se retrouve d’ailleurs pas exactement dans le film, mais qui me semble avoir été la pierre de fondation du film. C’est une scène où Salomon dit à sa fille qu’il doit trouver une place pour passer l’hiver et Sarah se met aussitôt en colère parce qu’elle ne supporte pas l’idée qu’il puisse disparaître. Et puis, elle finit par lui dire que s’il faut trouver une tombe, ce n’est pas seulement pour lui mais pour toute la famille. »
N. L. : « Parce que la société lui fait sentir qu’il va bientôt mourir, Salomon est obligé de se poser la question de savoir où il va être enterré. Cette interrogation le ramène à son 4 passé, auquel il déteste penser, et dont il refuse de parler. Tous les membres de sa famille sont morts à Auschwitz, partis en fumée comme il dit. Il n’y a pas de caveau de famille, pas de tombe, pas d’inscription de noms ni de dates. Pendant l’écriture du scénario, le Mur des Noms a été inauguré à Paris. C’était la première fois qu’en France, il y avait un endroit où étaient inscrits les noms. Nous avons intégré cet endroit au présent de Salomon. C’est un début d’apaisement et d’acceptation de son passé. Salomon change au cours du film : au début, il se pense et se veut immortel. À la fin, il se sait mortel, et ça n’est pas une mauvaise nouvelle. Pour revenir à la question, nous avons voulu raconter à la fois les liens étroits qui unissent cette famille, et à quel point chacun vit seul une période de grande révolution. »
- : « Dans un film qui raconte une histoire de famille, on se dit que l’autobiographie n’est souvent pas loin. Est-ce le cas ? »
N. L. : « Quand nous écrivons, Florence et moi, on s’inspire d’une réalité que l’on connaît intimement. Il y a la réalité de nos émotions, de nos sentiments, celle de certains événements, de certaines situations, et celle de personnes que l’on aime, qui nous intéressent, et qui nous sont proches. On s’inspire aussi de livres et de films qui nous habitent. Lorsqu’on se met à écrire, on décroche très vite de nos sources d’inspiration. Nous préférons la fiction, on a l’impression qu’elle raconte mieux la réalité. Ce qui est drôle, c’est qu’une fois le travail fini, on se rend compte que l’autobiographie n’est jamais là où l’on croit, et la fiction non plus… »
- : « Le film parle de choses très graves mais toujours avec humour et légèreté. Le ton du film est-il venu naturellement ou de façon contrôlée ? »
N. L. : « Nous n’avions pas conscience d’écrire une comédie, mais on savait qu’on ne voulait pas faire un drame. Par exemple, nous étions incapables de faire mourir un personnage. C’est Salomon qui, sans que nous nous en rendions vraiment compte, nous guidait, avec son expérience du tragique et son goût du comique. On regardait les films de Billy Wilder. On y trouvait le rythme, la légèreté, la drôlerie qu’aime Salomon. Nous avons choisi son nom de famille en hommage à Lubitsch. Bellinsky, c’est le nom de Charles Boyer, l’apatride amoureux, insolent et libre, dans La folle ingénue. »
- : « Faut que ça danse ! est le quatrième film que vous écrivez ensemble. Comment définiriez-vous vos rôles respectifs dans l’écriture ? »
F. S. : « Noémie apporte toujours le thème et la plupart des personnages. Ensuite, on parle des heures et des heures jusqu’à imaginer des situations qui traduisent ce que l’on veut dire. Ensuite, nous écrivons ensemble à la même table, ou chacune de notre côté. »
N. L. : « Comme à chaque fois, je retrouve beaucoup de Florence dans le film : dire le moins pour dire le plus, glisser des choses spirituelles comme ça, drôles sans en avoir l’air… »
F. S. : « Je dirais que Noémie est plus pugnace que moi. Elle a aussi un vrai sens du burlesque qui permet d’aller très loin. »
- : « À quel moment avez-vous pensé aux acteurs qui allaient incarner ces personnages ? »
N. L. : « Je pense aux acteurs après l’écriture. Au moment du scénario, on travaille beaucoup un personnage, mais quand je le propose à l’acteur, ce n’est pas parce qu’il ressemble au personnage, mais parce que j’ai envie que le personnage lui ressemble. En fait, c’est une rencontre à mi-chemin entre le personnage et l’acteur. »
- : « Pourquoi avoir pensé à Jean-Pierre Marielle pour le rôle de Salomon ? »
N. L. : « J’aime sa présence, sa voix, sa loufoquerie, sa force, sa beauté. Nous avons eu des rapports difficiles et j’ai l’impression de comprendre aujourd’hui pourquoi : je suis peut-être fusionelle avec les acteurs, j’aime les voir beaucoup, faire connaissance, faire beaucoup de lectures, de répétitions… Avec Marielle, nous n’avons pas travaillé comme ça. Il est à la fois très attentif à ses partenaires et très solitaire. Je me rends compte aujourd’hui que sa façon de travailler pour ce film ressemble au personnage de Salomon : en résistance. Marielle résistait à ce que l’on parle du personnage, à ce que l’on lise, que l’on répète... Salomon résiste au monde, à penser à la mort, au passé, à la guerre… »
F. S. : « Et pourtant, même seul, il s’est construit un personnage de Salomon qui apparaît en définitive très proche de celui que l’on avait imaginé. Je ne suis pas passé souvent sur le tournage, mais j’ai des souvenirs de lui avec l’air d’être à la fois là et pas là. Il avait quelque chose de rêveur et de concentré. »
N. L. : « Oui, il était dans cet état de rêverie concentrée. Il parle souvent de l’imagination des acteurs. Pour lui, c’est le premier outil. Ne pas trop parler avec le metteur en scène, ne pas trop réfléchir au personnage, ne pas analyser, a été pour lui un moyen de préserver son imagination. Il joue des situations qui auraient pu rendre Salomon un peu ridicule ou pathétique (comme par exemple le moment où il demande son numéro de téléphone à une toute jeune étudiante) avec une grande gaieté, et sans aucun cynisme. Beaucoup d’acteurs sont venus sur le tournage pour seulement une journée. Marielle jouait avec chacun d’eux comme s’il était le personnage principal du film. Il aime et il admire chacun de ses partenaires. Il a laissé une grande place aux acteurs qui avaient ce qu’on appelle un petit rôle : Daniel Emilfork, Nicolas Maury qui joue le banquier, ou Judith Chemla qui joue l’étudiante. »
- : « Et Bulle Ogier qui joue Geneviève, la mère qui semble toujours un peu ailleurs ? »
N. L. : « Après avoir lu le scénario, elle a mis le doigt sur une question essentielle : est-ce que Geneviève souffre d’une maladie mentale ? . Je lui ai demandé de ne surtout pas jouer la folie et elle l’a entendu tout de suite. Elle avait besoin que je la débarrasse de cette question, et elle avait bien raison parce que la folie de Geneviève est la question des médecins, pas la mienne ni la sienne. Comme Salomon, Geneviève résiste, à sa façon. Florence appelle cette famille : La famille Je n’en fais qu’à ma tête. Geneviève effectue tout le temps un petit pas de côté pour affronter la réalité. Bulle a en commun avec elle l’insolence, la douceur, un certain entêtement… »
F. S. : « Quand elle dit à sa fille : je dis que je t’embrasse, ça peut paraître bizarre ou un peu fou, mais cela exprime avec une grande précision ce qu’elle éprouve. »
- : « Pour le rôle de Sarah, leur fille, vous avez fait appel à Valeria Bruni-Tedeschi, avec laquelle vous avez très souvent travaillé. Vous la considérez comme votre alter ego ? »
N. L. : « Valeria est une partenaire de travail depuis presque vingt ans, et une grande amie. Ça tombe bien, elle est une de mes actrices préférées. Elle m’accompagne au-delà de son travail de comédienne. »
F. S. : « Le personnage de Sarah est sans doute celui qui était le moins défini dans le scénario, tant par rapport aux situations qu’elle traverse que dans ses liens avec ses parents. Mais Valeria a une présence tellement intense, tout ce qu’elle fait est tellement habité, qu’il nous suffisait de l’imaginer trente secondes dans le rôle pour que l’on ne se pose plus de question. »
- : « Dans le film, Sarah est certainement le personnage qui est le plus proche de vous. N’avez-vous pas eu envie de l’interpréter vous-même ? »
N. L. : « Quand je suis spectatrice et que je vois un acteur jouer dans son propre film (Xavier Beauvois, Yvan Attal ou Valeria…), cela me semble toujours apporter quelque chose de vital au film. Mais quand je suis réalisatrice, je n’ai pas envie de me filmer. »
- : « Le film fait de nombreuses références au cinéma : Le parrain, La mouche 2, In the soup… »
N. L. : « Le cinéma est une source constante d’inspiration. Il fait partie de ma vie, mais aussi de la vie des personnages. In the soup, c’est juste un petit clin d’oeil à Why Not Productions. Pour La mouche 2 c’est parce que ce que Sarah a dans la tête à ce moment-là ressemble vraiment à un film d’horreur ! Et pour Le parrain, Coppola est un des metteurs en scène que j’aime le plus au monde et on souriait avec Florence de citer ce film-là alors que l’on essayait à notre tour de raconter une histoire de famille. Il y a aussi Top hat, les comédies musicales américaines, Fred Astaire, les claquettes, tout l’amour de Salomon pour le cinéma de ces années-là… »
- : « On retrouve cette dimension cinématographique à travers les rêves que font Salomon et Sarah et qui occupent une place très importante dans le film… »
N. L. : « Un des rêves, celui du dessin animé, raconte le lien très fort qui unit la fille et son père. Sarah hérite d’un cauchemar de Salomon. Ce qu’il ne lui a pas dit de la façon dont il a vécu la guerre, Sarah en hérite malgré tout. Mais cet héritage de non-dits ne peut se développer que dans son inconscient, ses fantasmes, ses cauchemars. Il n’a pas de place ailleurs. Salomon a la hantise et la culpabilité de n’avoir pu combattre. Alors il invente, et raconte à sa fille comment il a tué Hitler. Elle entre dans l’imagination de son père et voit l’assassinat. Il devient pour elle le héros qu’il n’a pu être pendant la guerre. Au-delà du sens, il y a aussi le pur plaisir de mise en scène, de fabrication, à imaginer une chambre à coucher pour Hitler, à demander à un acteur de jouer un Hitler de pantomime… »
- : « À propos du lien qui unit Salomon et Sarah, les deux personnages se trouvent à un moment dans une situation presque symétrique : le père qui refuse d’envisager la mort qui approche, la fille qui oppose un déni très net à sa propre grossesse qui vient de lui être annoncée… »
N. L. : « On ne l’a pas réfléchi en écrivant mais il se trouve que le père et la fille vivent quelque chose de particulier à la génération de chacun. Les survivants ont échappé à la mort, les enfants de survivants, eux, étaient censés ne pas naître. Le programme était d’assassiner les indésirables mais aussi d’empêcher leur descendance. Ce que je veux dire, c’est que, pour les enfants de survivants, le simple fait d’être né ne va pas de soi. Sarah a trop à faire avec sa propre naissance pour pouvoir elle-même songer à donner naissance. Du moins au début, parce qu’après, heureusement, ça change… »
F. S. : « Il y a aussi le fait que comme un médecin lui avait dit qu’elle ne pourrait pas être enceinte, Sarah s’était faite à ça. Et d’une certaine façon, il y avait quelque chose de rassurant dans l’idée de rester la fille de ses parents et d’arrêter le mouvement de la vie. L’annonce de cette grossesse la remet brutalement dans ce mouvement. »
N. L. : « Apprendre qu’on attend un enfant, c’est aussi devoir accepter que les parents sont faits pour mourir et les enfants pour nous survivre. Après un moment de refus, Sarah se libère et trouve sa place dans ce mouvement. »
F. S. : « Pour moi, le coeur du film est là, dans la peur puis l’acceptation du mouvement de la vie. Et la famille constitue le théâtre vivant de ce mouvement puisqu’il y en a qui vont partir, et d’autres qui apparaissent. Il me semble qu’il y a une scène où le film pivote, c’est celle où Salomon est au lit avec Violette et qu’ils se disent : puisqu’on ne va pas acheter une maison de campagne ni faire des enfants, on se fera enterrer ensemble. Le film peut alors se terminer à la maternité avec la naissance de la fille de Sarah. »
- : « Le personnage de Violette qu’interprète Sabine Azema ne fait pas partie de cette famille mais son rôle est essentiel dans le cheminement de Salomon. Comment est né son personnage ? »
F. S. : « Violette est apparue un peu toute seule. J’avais vaguement en tête une femme que je connais et qui a en commun avec Violette de ne pas avoir d’enfants, de vivre seule, d’être une amoureuse et d’avoir toujours mené une vie indépendante. Avec aussi cette capacité de s’émerveiller, de s’enthousiasmer pour des petites choses. »
N. L. : « Violette, je la voyais comme une femme à la fois extrêmement pudique et très ludique. Sabine était parfaite pour l’incarner. Nous n’avions jamais travaillé ensemble mais depuis des années je gardais l’image merveilleuse d’elle dans une scène de Melo d’Alain Resnais. Elle est au pied du lit d’un homme qu’elle aime et qui est très malade. Elle dit : qu’est-ce que tu veux que je te fasse ? une galipette ? hop, une galipette ! , elle fait la galipette avant, et encore hop, une galipette, et elle fait la galipette arrière. Cette seule scène m’a fait l’adorer et m’a donné l’envie, depuis de nombreuses années, de travailler avec elle. Ces galipettes lui ressemblent : surtout ne pas s’appesantir sur les choses graves, et jouer. Elle est l’actrice la plus joueuse, la plus ludique que je connaisse. »
- : « Le film est plein de trouvailles qui appartiennent justement à ce registre, notamment cette belle idée de faire jouer à Salomon sa pension d’orphelin de la déportation au casino. »
N. L. : « Chez beaucoup de gens que je connais, cette « pension d’orphelin de la déportation » constitue vraiment de l’argent impossible. Impossible à refuser, impossible à accepter. Et parfois même impossible à nommer. Alors nous avons pensé que Salomon avait décidé de claquer cet argent au casino. C’est aussi pour lui le moyen de donner une petite forme à la chance et à la malchance de sa vie. Une forme un peu dérisoire, mais une forme quand même… »
- : « Il y a deux autres personnages dans le film qui sont un peu les témoins engagés de cette famille : François, le compagnon de Sarah qu’interprète Arié Elmaleh et Mr Mootoosamy joué par Bakary Sangaré, chargé de s’occuper de la mère, Geneviève. »
N. L. : « J’avais joué avec Arié Elmaleh dans L’école pour tous d’Eric Rochant. Ça avait créé une complicité. Et je lui trouvais la douceur, l’indulgence amusée, l’ironie discrète de François. Bakary Sangaré, je l’ai adoré dans Léo en jouant dans la compagnie des hommes d’Arnaud Desplechin, et je le vois jouer au théâtre depuis 15 ans. Il m’émerveille à chaque fois. Il avait joué un petit rôle dans Les sentiments. Il vient de loin, d’un village africain, et je me réjouis de vérifier chaque jour dans le travail avec lui, une phrase de Jean Renoir qui dit quelque chose comme : Il y a davantage de points communs entre moi et un Indien du fin fond des Indes aimant le cinéma qu’entre moi et mon voisin de palier. Géographiquement, socialement, culturellement, Bakary et moi sommes très éloignés l’un de l’autre, et dans le travail, nous sommes très proches, on se comprend en un clin d’oeil sans même avoir à s’expliquer, c’est une joyeuse surprise, un bonheur. Le personnage de Mr Mootoosamy est venu en même temps que celui de Geneviève. Puisqu’elle n’est pas capable de s’occuper d’elle-même, il fallait quelqu’un à ses côtés qui la comprenne parfaitement, la suive, accepte sans crainte sa douce folie. Je crois qu’il est sauvé par sa foi. A un moment la voix-off de Sarah disait de lui : Il est très croyant. Hindouiste-tamoul, animiste, chrétien. Ça le porte et le structure, contrairement à Geneviève qui n’est pas croyante… Elle croit déjà si peu à sa propre existence. »
- : « Quand vous voyez le film aujourd’hui, vous retrouvez l’idée que vous en aviez au début de l’écriture ? »
N. L. : « Oui, je crois, même si je n’ai pas de recul, si je suis incapable d’être spectatrice de mon propre travail, et si le film a beaucoup évolué au montage. L’ordre des scènes n’est pas du tout le même qu’au scénario. La scène d’ouverture, par exemple, était la scène finale à l’écriture. Le personnage de Sarah était plus en retrait. Emmanuelle Castro, la monteuse, a su le révéler. Plus que tous les autres films que j’ai réalisés, celui-ci a trouvé sa structure au montage. En fait, Emmanuelle Castro a fait un travail de co-scénariste autant que de monteuse, le travail d’écriture se poursuit jusqu’à la fin de la fabrication du film. »
- : « Le titre du film, Faut que ça danse ! se retrouve dans le rythme et dans le ton du film, mais aussi dans sa musique, signée Archie Shepp. Comment s’est passée votre collaboration avec lui ? »
N. L. : « Je sentais qu’il fallait faire appel à un jazzman. Le jazz, c’est la musique de Salomon. C’est Brigitte Sy, une amie réalisatrice et comédienne, qui m’a présenté Archie Shepp. Il travaille de manière inhabituelle pour le cinéma, de façon très souple, libre et spontanée. Par exemple, il arrive au studio et se met à composer, ou décide que telle séquence ne sera pas écrite mais improvisée. J’étais impressionnée et sous le charme, à le voir chercher et proposer, à l’entendre jouer et chanter. Il est une espèce de géant. »
- : « Salomon est un fan de Fred Astaire dont il se repasse les films et qu’il tente même d’imiter en prenant des cours de danse. Pour vous, Fred Astaire, c’est le modèle absolu ? »
N. L. : « Pour moi non, mais pour Salomon oui. Fred Astaire, c’est la grâce, la légèreté, l’élégance, le sourire quoi qu’il arrive, une espèce de perfection, un idéal. »
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Fiche technique
Réalisation : Noémie Lvovsky
Scénario : Noémie Lvovsky et Florence Seyvos
Image : Jean-Marc Fabre (Afc)
Montage : Emmanuelle Castro
Musique originale : Archie Shepp
Musique interprétée par : Archie Shepp Quartet
Son : Brigitte Taillandier, Sylvain Malbrant, Nicolas Moreau et Emmanuel Croset
Décors : Marie Cheminal
Costumes : Dorothée Guiraud
Dessin animé : Anaïs Vaugelade
Casting : Stéphane Batut
1er assistant réalisateur : Olivier Genet
Scripte : Olivia Bruynoghe
Maquilleuse : Delphine Jaffart
Coiffeur : Jean-Marie Cuvilo
Création coiffure Valeria Bruni-Tedeschi : Madeleine Cofano
Création coiffure Sabine Azema : José Luis Casas
Production : Why Not Productions / Pascal Caucheteux et Grégoire Joilute
Productrice exécutive : Martine Cassinelli
Post-production : Laurencina Lam
Productrice Suisse : Ruth Waldburger
Directeur de production Suisse : Jean-Marie Gindraux
Ventes internationales : Ugc International
Editions vidéo : Ugc Vidéo
Photographe de plateau : Jean-Claude Lother
Artwork : Rageman
Film annonce : SoniaToutCourt
Une coproduction franco-suisse : Why Not Productions, Ugc Images, France 2 Cinéma, Vega Film et Télévision Suisse Romande
Avec la participation de : Tps Star
Avec le soutien de : Eurimages & La région Ile-de-France et du Centre National de la Cinématographie
En association avec : les Soficas Soficinéma 3 – Ugc 1
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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Séverine Garrido
remerciements à Séverine Garrido