• Fragile(s)

Publié le par 67-cine.gi-2007













Fragile(s) comédie dramatique de Martin Valente




avec :
François Berléand, Caroline Cellier, Jean-Pierre Darroussin, Marie Gillain, Jacques Gamblin, Sara Martins, Elodie Yung, Laurent Mandeix, Boris Rehlinger, Angèle David-Guillou, Stéphane Bertrand, Philippe Entressangle, Grégory Pillon, Maureen Dor, Daphnée Amadei, Anne-Cécile Crapie, Loïc Corbery de la Comédie Française, Tiago Manaia, David Geselson, Joao Maria Pinto, Delphine Le Moine, Nathan Medam et Laurent Mouton


durée : 1h47
sortie le 20 juin 2007

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Synopsis
Il y a des jours où le destin entrecroise les vies, où les solitudes s’animent sous l’effet du hasard, où un évènement bouleverse le cours de plusieurs vies.
Six personnages vont se croiser, se réunir, s’abandonner, se retrouver alors que rien ne les prédisposait à se rencontrer. Un lien existe pourtant entre eux. Et le destin va se charger de le leur rappeler :
Sara, qui vient de perdre son emploi, est entraînée par sa copine Isa en week-end au Portugal.
Paul, dont le dernier film est un échec retentissant, se rend, contre son gré, à un festival à Lisbonne.
Yves, pharmacien, a fait le vide autour de lui. Mais ce matin un chien en a décidé autrement...
Musicienne, Nina profite d’une tournée pour enfin aller voir son fils de 7 ans qu’elle n’a pas vu depuis des mois...
Voilà des semaines que Vince, inspecteur de police, vient chaque jour à l’hôpital, jouer de la guitare... Et toujours aussi mal.
Hélène ne supporte pas l’idée d’être grand-mère, encore moins lorsqu’on lui demande de garder Ross, son petit-fils...


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Entretien avec Martin Valente
- : « D’où vous est venue l’idée d’écrire Fragile(s) ? »

Martin Valente : « Fragile(s) est né d’un flottement, celui que j’ai ressenti après la sortie de mon premier film Les amateurs. J’avais tellement attendu ce moment qu’immédiatement après j’ai été un peu déphasé. Je pense que tout le monde a dû éprouver au moins une fois dans sa vie cette sensation-là, ces instants où l’on se sent seul au coeur du monde. J’ai donc décidé d’en faire le sujet de mon deuxième film. »

- : « De quelle manière ? »

M. V. : « J’avais envie de filmer plusieurs personnages aux caractères, sexes et âges évidemment différents, mais qui avaient tous un point commun : celui d’être dans cet état de fragilité psychologique, un état qui peut être plus ou moins grave. Celui de gens qui ne peuvent plus faire face à ce que la société nous demande aujourd’hui, c’est-à-dire avoir toujours à tout prouver en permanence au monde entier, à sa famille ou à soi-même, montrer que l’on est capable d’être à la hauteur. Or la vie ne peut pas se résumer à ça. »

- : « Pourquoi avoir choisi de suivre les destins de plusieurs personnages, et non pas celui d’un personnage principal ? »

M. V. : « J’aime cette richesse-là, ce côté foisonnant qui permet au spectateur de prendre et de rejeter ce qu’il veut, et qui lui permet enfin de s’identifier au personnage de son choix.
En tant qu’auteur, cela me permet aussi d’aborder un même thème mais sous différents prismes, de montrer plusieurs points de vue sur un même sujet. J’avais par ailleurs envie d’avoir des voix féminines, de faire parler des femmes, ce qui était un véritable défi pour moi, je ne savais pas si j’y arriverais.
»

- : « Vous-même, vous êtes-vous identifié en particulier à un de vos personnages ? »

M. V. : « Pas vraiment. Ce qui est troublant, c’est que, pendant l’écriture du scénario, j’étais plus proche de certains d’entre eux alors que, sur le tournage, je me suis reconnu dans d’autres. Donc je crois que forcément vous mettez de vous un peu partout quand vous travaillez sur ce type d’histoires. »


- : « Était-il important de montrer différentes générations de personnages ? »

M. V. : « Oui, cela permet d’introduire la complexité et l’ambiguïté de la vie, comme, par exemple, celle des couples d’âges différents, une femme qui vit une histoire avec quelqu’un de plus jeune. Ou l’inverse.
Une autre chose m’intéressait aussi, c’était de développer cette idée que ce ne sont pas toujours les personnes auxquelles on pense qui nous aideront dans notre vie. Ce sont parfois des personnes qu’on ne soupçonnait pas forcément capables de ça qui, tout à coup, vont nous permettre de déclencher un processus pour sortir de nos problèmes. Dans mon film, par exemple, le personnage de Nina, interprété par Marie Gillain, va partir de chez Yves, interprété par Jean-Pierre Darroussin, sans savoir ce qu’elle a pu lui apporter. Et de la même manière, Yves reste persuadé qu’il a essayé d’aider Nina, mais que cela a été un échec total, ce qui n’est pas tout à fait le cas. J’aime cette idée, que, ce que l’on retire des gens, c’est parfois à leur insu, sans qu’ils le sachent. C’est bien que tout ne soit pas conscient. Exactement comme dans la vie où les choses ne sont jamais totalement claires ni tranchées.
»

- : « Il y a aussi un travail sur la coïncidence... »

M. V. : « J’aime bien le principe des coïncidences. Tout dépend toujours de la manière dont on regarde la vie. La vie est plutôt rigolote, elle est même étonnante. On a beau prévoir ou planifier notre existence, il nous arrive toujours quelque chose d’autre qui interfère dans notre vie, quelque chose qui peut être parfois de l’ordre de la coïncidence ou de l’absurde.
Très précisément, et au-delà de tout ce qui est coïncidence, j’avais envie qu’il y ait dans chacune des histoires un fait, un élément tangible et révélateur de l’identité et de la problématique du moment de chaque personnage. Dans la première histoire, par exemple, c’est un sac-poubelle dont Paul, François Berléand, ne parvient pas à se débarrasser. À un moment donné, il dit même que c’est l’histoire de sa vie. Tous les ennuis qu’il a pu accumuler en lui et qui lui pèsent à ce moment-là sont symbolisés par ce sac-poubelle. Dans la deuxième histoire, c’est un chien jaune qui se prend d’affection pour un des héros. Et ce qui est intéressant avec un chien, c’est que ça ne demande rien. Si un chien a décidé de vous aimer, il vous aime. Or, il se trouve que le personnage refuse cela, c’est un être qui a décidé de vivre a minima, de se préserver de tout, y compris de la moindre émotion. L’ irruption de ce chien dans sa vie, de cet animal qui a besoin de lui, qui lui exprime toute sa gratitude, vient le perturber. Dans la troisième histoire, l’élément révélateur est un bébé. Lui non plus n’a rien demandé, il est là dans les bras de sa grand-mère qui a déjà tellement eu de mal à être mère... Tous ces éléments servent de révélateurs et deviennent salvateurs pour mes personnages, et parfois sans qu’ils en soient conscients.
Enfin, je voulais établir dans chacune de mes trois histoires une sorte de parallélisme de la maladresse. C’est pour cette raison que tous mes personnages se cassent physiquement la gueule à un moment donné. Quand on se sent tout à coup en désaccord, en disharmonie avec le monde, on le sent très fortement, et souvent cela s’accompagne physiquement.
»

- : « La musique est aussi un personnage à part entière. Comment avez-vous travaillé cet aspect du film ? »

M. V. : « Je travaille la musique dès l’écriture du scénario. Je collecte d’abord de nombreux morceaux musicaux que j’aime, qui vont m’inspirer, et que je vais écouter en boucle. Après je fais un tri. Enfin, au montage, je ne conserve que les musiques qui ont totalement « collé » aux scènes. Ce ne sont pas des musiques qui accompagnent l’action, mais qui se fondent dans l’action. C’est pour cette raison que je préfère travailler en amont, dès l’écriture, avec des musiques. Mais cela ne veut pas dire que je n’utilise que des morceaux existants. Il y a aussi des musiques originales signées Denis Mériaux qui a composé pendant que j’écrivais d’après des idées que je lui transmettais, sans lire pour autant ce que j’écrivais. Cette base musicale très importante a été par la suite enrichie par quelques morceaux supplémentaires après le tournage et même jusqu’au montage image. »


- : « Quelle a été la difficulté principale que vous avez rencontrée lors de la réalisation de Fragile(s) ? »

M. V. : « De différencier les trois histoires principales. Comment distinguer les histoires entre elles ? Est-ce que ça doit passer par le cadre ? Par la lumière ? Mais, finalement, naturellement et heureusement, je me suis très vite rendu compte que mes trois histoires étaient tellement différentes qu’elles imposaient une lumière particulière de par la nature même de leurs contextes. Ma première histoire se déroule au Portugal, où tout était lumineux, car en extérieur, avec une foule nombreuse. La deuxième histoire, c’était un huis clos dans un appartement, la nuit, avec deux personnages qui ont du mal à sortir ce qu’ils ont en eux, donc il fallait une lumière beaucoup plus tamisée, plus contrastée, un « ombre et lumière ». La troisième histoire, qui se passe la plupart du temps dans un hôpital, nécessitait une lumière plus blanche mais extrêmement naturelle. »

- : « Qu’est-ce que ce film vous a appris ? »

M. V. : « Qu’il était très agréable de tourner à l’étranger. On est dans une bulle, pris par son film, entouré de gens qui parlent une autre langue. On se laisse porter. J’ai tourné dans un pays que je connaissais quand même puisqu’une partie de ma famille est d’origine portugaise. Cela évoquait donc des souvenirs personnels, j’étais fier de ça. Cela allait totalement dans le sens de l’histoire impressionniste qu’est pour moi Fragile(s). »

- : « À quel genre appartient Fragile(s) ? »

M. V. : « C’est une comédie dramatique. Surtout pas un drame. Je pense que mon film est d’ailleurs fondamentalement optimiste. J’aimerais que les gens sortent des salles en disant : c’est vrai, on a tous nos problèmes, mais faisons avec, et essayons de nous en sortir au mieux. »


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Fiche technique
Réalisation : Martin Valente
Scénario et dialogues : Martin Valente
Directeur de la photographie : David Quesemand
Chef monteuse image : Raphaële Urtin
Chef opérateur son : Jean-Paul Bernard
Premier assistant réalisateur : Sylvain Ferron
Chef décoratrice : Judith Lacour
Chef monteur son : Patrice Grisolet
Mixeur : Vincent Arnardi
Musique originale : Denis Mériaux
Produit par : Pauline Duhault
Producteur associé : Raphaël Berdugo
Directeur de production : Benjamin Phuong Dung
Une co-production : Elia Films, Roissy Films et Prima
Avec la participation : du Centre National de la Cinématographie, de Canal+, de Cinecinema et de Bac Films
En association avec : Cofimage 17 / Sofica Europacorp
Ventes Internationales : Roissy Films
Avec l’aide de : Media

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à Amandine Dayre, Mathieu Piazza et Mounia Wissinger
logos et textes © www.bacfilms.com
photos © Elia Films / Pierre Guibert et Pascal Chantier

Publié dans PRÉSENTATIONS

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