Honor de cavalleria
Honor de cavalleria drame de Albert Serra
avec :
Lluis Carbo, Lluis Serrat, Albert Pla, Glynn Bruce, Lluis Cardenal, Bartomeu Casellas, Jimmy Gimferrer, Xavier Gratacos, Eliseu, Huertas, Enric Junca, Josep Pagès, Jordi Pau, Rufino Pijoan, Eduard Sancho, Jordi Sancho, Jordi Surroca et Jacob Torres
durée : 1h47
sortie le 14 mars 2007
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Synopsis
Guidés par le hasard, Don Quichotte et Sancho poursuivent jour et nuit leur voyage à la recherche d’aventures. Ils chevauchent à travers champs, bivouaquent à la belle étoile, conversent, guettent un ennemi invisible.
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Propos d’Albert Serra
Don Quichotte
Albert Serra : « J'ai eu l'idée de faire ce film, alors que je réalisais mon premier long-métrage. Lluís Carbó en était alors le personnage principal, - il l'est encore aujourd'hui-. Dans Honor de cavalleria, c'est lui qui interprète le personnage de Quichotte.
Nous voulions faire un film sur l'idéalisme. Quel pouvait être le point de départ pour réaliser un tel film? Un livre magnifique qui traite de ce thème : Don Quichotte. Il ne s'agit pas d'une adaptation fidèle du livre, puisqu’il n’y a que deux scènes tirées du livre. A l’origine du projet, il y a le désir de voir les images d’errance et de voyage des deux héros du livre dans une nature infinie.
L’essentiel réside dans les détails de l’interprétation et dans la signification symbolique de faits à première vue sans transcendance. »
Poétique du quotidien
A. S. : « Tout ceci est très curieux : en définitive, ni le thème ni les aventures ne sont intéressants. Où se trouve alors la substance même du film ? Dans tout ce qui ne se voit pas, tout ce qui n'est pas apparent, c'est à dire l'atmosphère et la quotidienneté. Que raconte donc ce film ? Il raconte ce qui n'est pas écrit dans le livre.
J'ai également puisé mon inspiration dans les oeuvres de Ozu, surtout dans l’attention particulière qu’il accorde aux faits quotidiens. Ce ne sont pas les personnages qui réalisent une action analysée et étudiée, une action en somme, voulue. Don Quichotte et Sancho se limitent à accumuler des moments : ils vivent, ils sont eux-mêmes. C’est justement pour renforcer ces éléments que nous avons refusé une banale modernisation du livre, et que nous avons éliminé les passages les plus connus. Il reste un ensemble de séquences extrêmement poétiques, mais non narratives. »
Une réalité purement mentale
A. S. : « La plupart des séquences sont complètement inventées, ou encore librement adaptées d’autres livres (Le Chevalier de la Charrette de Chrétien de Troyes, Tirant lo blanc de Joanot Martorell, Les études historiques sur la chevalerie de Marti de Riquer, etc.). Elles visent à atteindre l’intimité et la fascination pour une réalité purement mentale, la seule réalité importante dans un film sur Don Quichotte. La tension entre cette réalité mentale et la vie quotidienne des deux personnages principaux est le leitmotiv récurrent du film. Cette réalité absorbe tout, jusqu’à occulter le développement narratif du film. Et, c’est de cette tension et de l’originalité de sa mise en images, que surgissent le mystère et la poésie du film, qui pourraient rappeler la beauté immobile et latente des peintures classiques.
L’atmosphère quasiment mystique du film repose sur la singularité de l’interprétation hyperréaliste de Lluis Carbo et Lluis Serrat, des acteurs non professionnels aux visages inconnus, dans la grande tradition de Pasolini et Ermanno Olmi. »
La tradition du film classique
A. S. : « Cela fait longtemps que je m'intéresse et que je suis fasciné par le film Lancelot du Lac de Bresson. Ce film a été ma source d'inspiration première. Nous voulions réaliser un film historique à petit budget, comme celui de Bresson et comme l'avait fait Bergman avec Le septième sceau et La fontaine d'Aréthuse. Cette ambiance austère et conceptuelle nous intéressait. Les jeunes cinéastes ont en général en tête le stéréotype du film urbain, des histoires actuelles, des thèmes qui traitent de jeunes gens.
Pour aller à l’encontre de tout cela, nous avons voulu revendiquer la tradition du film classique, différente du jeune cinéma qui se fait aujourd'hui. Nous désirions faire un film aux antipodes du cinéma habituel.
Honor de cavalleria est une synthèse conceptuelle et esthétique d’influences très pures (Lancelot du lac, L’Evangile selon Saint Mathieu, Les Onze Fioretti de François d’Assise, Ozu, Sokurov…), du cinéma rénovateur et excentrique des années 60 (Paradjanov, Godard) et de ma mythologie personnelle. »
Tournage en numérique
A. S. : « Nous avons décidé de tourner en numérique, ce qui n'arrive presque jamais car le numérique est en général utilisé pour les films urbains, modernes, bourrés d'effets spéciaux alors que nous avons décidé de l'utiliser pour réaliser un film contemplatif, atmosphérique, dans lequel les paysages ont le premier rôle. Nous avons tout tourné en extérieur, en milieu naturel. Il n'y a aucune scène réalisée en intérieur. Il n'y a aucun décor, aucune construction humaine.
Parallèlement au voyage que font les deux héros du film, l’équipe technique et artistique a réalisé un voyage cinématographique et vital.
Le sujet principal du film est la fusion entre ces deux voyages : pour les personnages, de la vie solitaire, anonyme et désespérée jusqu’au monde héroïque de la chevalerie ; et, pour l’équipe, du projet rêvé au film enfin réalisé. »
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Fiche technique
Réalisation : Albert Serra
Scénario : Albert Serra
Idée originale : Albert Serra, Jimmy Gimferrer et Montse Triola
D’après le roman : Don Quichotte de la Mancha de Miguel de Cervantès
Direction artistique : Jimmy Gimferrer
Directeur de la photographie : Christophe Farnarier et Eduard Grau
Montage : Angel Martin
Son : Joan Pons et Jordi Ribas
Mixage du son : Ricard Casals
Musique originale : Ferrant Font
Assistant de réalisation : Angel Martin
Opérateurs de caméra : Chistophe Farnarier, Eduard Grau, Marçal Forés et Neus Ollé.
Langue originale : catalan
Production : Albert Serra
Production exécutive : Montse Triola, Lluis Minarro et Adolfo Blanco
Producteurs : Andergraun Films, Eddi Saeta et Notro Films
Distribution : Capricci Films, avec le soutien du Gncr et de l’Acid
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