• Destricted

Publié le par 67-cine.gi-2007













Destricted érotique de Matthew Barney, Marina Abramovic, Richard Price, Larry Clark, Marco Brambilla, Sam Taylor Wood et Gaspar Noé  (interdit au -18 ans)









durée : 1h55
sortie le 25 avril 2007

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Synopsis
Destricted est un projet unique en son genre : sept courts-métrages au travers desquels des réalisateurs et des artistes, parmi les plus visionnaires et provocateurs de leur génération, font se rencontrer l’art, le cinéma et le sexe.
Explicites, ces films abordent la représentation du sexe dans l’art soulevant ainsi des questions telles que : la pornographie peut-elle être artistique ? L’art peut-il être pornographique ? Ou devient-il complètement autre chose ?
Les 7 films qui composent Destricted explorent la frontière ténue où l'art et la pornographie se rejoignent pour produire des interprétations sulfureuses, stimulantes, dérangeantes, provocantes, étranges et drôles, laissant le spectateur/voyeur seul juge.

Hoist 0h14 court-métrage de Matthew Barney
S’inscrivant dans le cadre du projet mené au Brésil pour le carnaval de Bahia par Matthew Barney avec le musicien Arto Lindsay après l’achèvement de son cycle Cremaster, Hoist décrit la rencontre entre les deux personnages centraux du film : le Green Man et un engin élévateur de cinquante tonnes.
Dans un univers fantasmagorique, Hoist suggère l’impossible fusion de la mécanique et de la chair.


Balkan erotic epic 0h13 court-métrage de Marina Abramovic
Marina Abramovic illustre le folklore balkanique avec des images irrésistibles et surréalistes. Elle nous donne une fausse leçon d’ethnologie où les êtres humains pensent se rapprocher des Dieux grâce à l’érotisme. Elle explique pourquoi l’énergie érotique ne peut prendre sa source que dans des forces supérieures au travers de saynètes filmées ou animées.

House call 0h12 court-métrage de Richard Price
Richard Prince se réapproprie les images stéréotypées d’un film porno des années 80; il les recadre, les refilme sur un écran de télévision, les altère et enfin les synchronise avec une musique décalée.
Le résultat est un film sensuel dans lequel le plaisir est l’acteur principal.

Impaled 0h38 court-métrage de Larry Clark
Avec Impaled, Larry Clark inverse la tendance qui veut que, dans les films pornos, ce soit la femme qui se livre pour la première fois devant la caméra. Il organise un casting de jeunes hommes, les interroge sur leur motivation, leur perception du sexe et leur rapport à la pornographie. Au cours du casting, nous découvrons l’impact qu’a eu sur cette génération l’apprentissage de la sexualité à travers la pornographie.
Larry Clark offre à l’heureux élu la possibilité de réaliser son plus grand fantasme…

Sync 0h01 court-métrage de Marco Brambilla
Montage en une minute, sur fond de batterie samplée, de plusieurs milliers d’images allant du simple baiser à l’étreinte passionnée. Ces extraits proviennent tant de films pornos que de films hollywoodiens et de séries télés.

Death valley 0h08 court-métrage de Sam Taylor Wood
La Vallée de la Mort est connue comme le point le plus bas de l’Ouest américain et l’un des endroits les plus chauds du monde. Sur cette terre inhospitalière, un jeune homme s’avance et se livre à la masturbation, seul face à l’immensité. Death Valley confronte la propre aridité de l’homme à celle d’une terre millénaire aussi fascinante qu’impossible à conquérir.

We fuck alone 0h23 court-métrage de Gaspar Noé
Une scène d’amour entre un homme et une femme. Une jeune femme se masturbe avec son ours en peluche. Un homme regarde la première scène sur l’écran de sa télévision et se masturbe à l’aide d’une poupée gonflable.
Baptisé We fuck alone en clin d’oeil au titre de son premier long métrage Seul Contre Tous (I Stand Alone), Gaspar Noé continue de plonger sa caméra dans la solitude de l’homme face au plaisir.


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Pornoscopie
Mark Alizart Directeur de l’action culturelle du Palais de Tokyo : « Sitôt que se trouvent évoquées les relations entre l’art et la pornographie reviennent les mêmes images. L’Olympia de Manet, l’Origine du monde de Courbet, les dessins de Masson, les poupées de Bellmer, les Moules mâliques ou l’Etant donné de Duchamp, les bacchanales du dernier Picasso, ou plus près de nous, les photos de Wolfgang Tillmans, de Nan Goldin ou d’Araki. Une histoire essentiellement limitée aux dix-neuvième et vingtième siècles, siècles de l’avant-garde, siècle de la provocation, et à quelques images explicites, comme disent les Américains. Pourtant, les relations entre art et pornographie sont beaucoup plus anciennes et beaucoup plus subtiles. Sans remonter aux amphores grecques ou aux fresques de Pompéi et à leurs scènes zoophiles, qui finalement ressortissent du même régime manifeste, il suffit d’avoir l’oeil sur des détails apparemment anodins pour découvrir tout un monde d’érotisme s’ouvrir dans des oeuvres apparemment insoupçonnables.
Un exemple. Aurez-vous noté que le manteau de ces vierges à l’enfant qu’on trouve sculptées dans toutes les églises, ou peintes par beaucoup de maîtres flamands, a systématiquement une forme ogivale, forme que reprennent les fenêtres des églises, qu’il est fermé au cou par un bouton doré, qu’il s’ouvre autour des épaules, tombe droit, et qu’il est gainé de velours rouge ? Les historiens d’art s’accordent depuis toujours à reconnaître que cette forme vulvaire représente un vagin. Et pour cause. Ces tableaux, ces sculptures, ont vocation à représenter la naissance du divin enfant. Ainsi celui-ci figure-t-il la plupart du temps au milieu de la robe ouverte, comme s’il en sortait, parfois même portant déjà la blessure de Lucain au côté droit, qui saigne, tel le sang de l’accouchement, ou celui du cordon coupé. A la fois hyper-pornographiques, voire sacrilèges, pour qui sait les lire, ces représentations sont en même temps furtives et hyper-pudiques. Le sexe de la vierge est là, devant nos yeux, mais codé dans le manteau, crypté dans la robe.
Un autre exemple, tout aussi insoupçonnable d’entretenir un quelconque rapport avec l’érotisme, a fortiori avec le sexe : les natures mortes. Rien de plus apparemment banal et inoffensif, rien de plus quotidien, qu’une table garnie de fruits, ou qu’une raie clouée au mur. Il y a pourtant, dans le coin, à gauche, un citron pelé, d’où perle une goutte de jus. Et au milieu un couteau, dirigé vers lui, dont le manche dépasse de la table, et la lame, entrante, donne de la profondeur au tableau. Ce couteau est un pénis qui entre dans l’image, et ce citron, un sexe, qui l’attend.
Précisément, il faut comprendre que l’art et la pornographie entretiennent des relations beaucoup plus fondamentales que ne le laisserait penser la simple représentation du sexe dans un tableau. C’est que l’oeil est lui-même ce couteau. Il pénètre l’image comme un phallus pénètre un sexe. Regarder une image, c’est lui faire l’amour, c’est entrer en elle, c’est la pénétrer, fût-ce seulement du regard. OEdipe, s’il se crève les yeux, c’est qu’il se châtre après avoir commis l’irréparable inceste. De tout temps, dans toutes les cultures, l’oeil, le mauvais oeil, est un sexe. Aussi bien, la seule technique de la perspective, inventée au seizième siècle, donne-t-elle lieu à une forme de pornographie, ou devrait-on dire de pornoscopie, qui précède de beaucoup toutes les vidéos X.
Mais les films explicitement pornographiques ne l’ignorent pas. Une actrice qui suce son partenaire regarde droit dans la caméra, droit dans nos yeux, comme pour appeler les nôtres, nos yeux, à se faire sucer en lieu et place de l’acteur. Ainsi vont les hommes que d’un monde à l’autre, d’une époque à l’autre, certaines images qui se donnent pour innocentes trafiquent du cul en contrebande, tandis que d’autres, qui se donnent pour ce qu’elles sont, du X de bas étage, resservent en douce les plus vieilles recettes des plus grands maîtres anciens.
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Entretien avec les producteurs Mel Agace et Neville Wakefield
- : « Comment est né le concept Destricted ? »

Mel Agace : « J’ai écrit un guide sur le sexe, une sorte de manuel rassemblant toutes les pratiques sexuelles. Bien évidemment, la pornographie faisait partie de mes investigations. J’ai fait des recherches et j’ai été très étonnée de constater qu’il existait aussi peu d’alternatives aux clichés d’usage (aussi bien en vidéo que sur internet), mais aussi de voir à quel point les choses étaient encore très seventies. Ce qui nous intéressait, c’était de voir comment et qui allait pouvoir relever le défi de s’attaquer à ce genre. »

Neville Wakefield : « En fait l’idée est venue comme un défi lancé à ceux qui aiment la pornographie mais qui sont affligés par le manque de créativité esthétique du genre. L’expérience était de voir comment le langage, les codes de la pornographie, allaient pouvoir survivre à travers une véritable volonté artistique. »

- : « Films explicites plutôt que pornographie ; pourquoi faire cette différence ? »

M. A. : « Nous ne voulions pas imposer de contraintes aux artistes et voulions leur laisser la possibilité de montrer des scènes sexuellement explicites. C’était très important d’éviter d’être censeurs de l’expression artistique. La question de la différence entre la sexualité explicite et la pornographie est totalement subjective. Pour nous, c’est extrêmement important d’avoir commandé une série de films plutôt que un ou deux films puisque notre but était de présenter des points de vue multiples. »

N. W. : « la pornographie est construite autour d’une valeur très spécifique : nous exciter. Nous voulions envisager le sexe à l’écran d’une toute autre façon. »

- : « Pourquoi avoir fait appel à ces réalisateurs et artistes ? »

M. A. : « Neville avait déjà travaillé avec certains de ces artistes. Pour les autres, nous les avons tout simplement contactés car nous apprécions leur travail. Notre choix s’est porté vers les réalisateurs qui se sont présentés à nous de la façon la plus naturelle, nous assurant ainsi de leur total support. Gaspar et Matthew ont toujours été pressentis. Au départ, nous voulions présenter sept à huit courts-métrages parce que la pluralité nous semblait essentielle à ce projet. »

N. W. : « Il faut dire aussi que l’exploration de la sexualité explicite était une thématique commune aux travaux de tous ces artistes. »

- : « Avez-vous imposé un cadre strict aux metteurs en scène ? »

N. W. : « Le cahier des charges était simple : faire un court-métrage d’environ 10 à 15 minutes et bien sûr personne ne s’y est tenu ! »

M. A. : « Il n’y avait pas d’autres contraintes particulières, si ce n’est qu’ils avaient tous le même budget, c'est-à-dire quasiment rien ! »

- : « Vous attendiez vous à autant de films différents tant d’un point de vue narratif que visuel ? »

N. W. : « En choisissant ces metteurs en scène, nous savions que chaque film présenterait un univers très personnel, en résonance avec l’univers de chacun des auteurs. Nous savions que Larry allait faire quelque chose de basé sur l’anthropologie sociale, que Matthew allait créer un univers qui montrerait sa fascination pour les prothèses sexuelles et que Marco serait intéressé par une condensation d’effets visuels. Nous avons établi la thématique, et ensuite, avons laissé faire chaque réalisateur. »


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Fiche technique
Hoist 0h14 court-métrage
Réalisation : Matthew Barney
Directeur de la photographie : Peter Strietman
Compositeur : Jonathan Bepler
Format : Hd

Balkan erotic epic 0h13 court-métrage
Réalisation : Marina Abramovic
Directeur de la photographie : Aleksandar Ilic
Format : Super 16

House call 0h12 court-métrage
Réalisation : Richard Prince
Musique : Richard Prince
Format : Dv

Impaled 0h38 court-métrage
Réalisation : Larry Clark
Directeur de la photographie : Eric Voake
Monteur : Alex Blatt
Format : Dv

Sync 0h01 court-métrage de Marco Brambilla
Réalisation : Marco Brambilla

Death valley 0h08 court-métrage
Réalisation : Sam Taylor-Wood
Directeur de la photographie : Seamus Mc Garvey
Compositeur : Matmos et Andrew Hale
Format : 35 mm

We fuck alone 0h23 court-métrage
Réalisation : Gaspar Noé
Casting : Katsumi, Manuel Ferrara, Shirin Barthel et Richard Blondel
Avec l’aide de : Marc Boucrot, Sarabeth Stroller et Oliver Thery-Lapiney
Format : Dv

Destricted créé par : Mel Agace, Andrew Hale et Neville Wakefield
Executive producer : Joni Sighvatsson
Executive producers : Mark Fletcher et Andrew Herwitz
Produit par : Mel Agace, Andrew Hale & Neville Wakefield
© Destricted LLC 2006. All rights reserved.

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de



remerciements à
Lucie Deglise, Cedric et Fatma
logos, textes et photos © www.tadrart.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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