• Les enragés

Publié le par 67-cine.gi-2007













Les enragés (Knallhart) drame de Detlev Buck












avec :
David Kross, Jenny Elvers-Elbertzhagen, Erhan Emre, Oktay Özdemir, Kida Khodr Ramadan, Arnel Taci, Kai Michael Müller, Hans Löw et Jan Henrik Stahlberg


durée : 1h38
sortie le 28 mars 2007

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Synopsis
Michael Polischka, 15 ans, et sa mère, mise à la porte par un ex amant fortuné, sont contraints de quitter une banlieue aisée de Berlin pour s'installer dans un quartier populaire et multi ethnique de la ville, Neukölln.
Nouveau venu dans le coin, Michael ne passe pas inaperçu et sa vie devient rapidement un enfer : il subit les menaces d'une bande d’adolescents qui terrorisent le quartier, le rackettent et le tabassent régulièrement. A la maison, les choses ne vont pas mieux puisqu'il est contraint de tolérer une intimité exiguë avec les nombreuses conquêtes de sa jeune mère qui cherche désespérément l’âme soeur… Les seuls plaisirs du quotidien de Michael lui sont apportés par ses deux copains, Crille et son demi-frère Matze, des adolescents livrés à eux-mêmes qui l'initient rapidement à l'art de sécher les cours, boire de l'alcool et cambrioler...
Peu après cette découverte accélérée du monde violent dans lequel il a atterri, la vie de Michael prend un tournant décisif quand Hamal, le parrain du quartier, décide de le prendre sous son aile et de le protéger de la bande qui le harcèle. Mais tout service de ce genre ne va pas sans une contrepartie. En effet, l'allure innocente du jeune garçon n'a pas échappé à Hamal et fait donc de lui l'homme idéal pour livrer en toute discrétion sa drogue aux trafiquants locaux. Michael se prend vite au jeu et s'acquitte de ses missions comme un pro, faisant parfois preuve de bravoure et de ténacité. Mais les événements se précipitent et il se retrouve dans une situation irréversible où il n’aura d’autre choix que de tuer ou être tué…


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Entretien avec Detlev Buck
Avant de réaliser ce film sur la condition actuelle des adolescents dans les quartiers pauvres de Berlin, cet acteur, scénariste, réalisateur a fait beaucoup de recherches, fréquenté les écoles, les rues et les lieux de rencontre des jeunes… Son film est une adaptation du roman éponyme Knallhart.

- : « Les enragés est très différent de vos précédents films. Comment vous est venue l'idée d'adapter cette histoire ? »

Detlev Buck : « Je voulais montrer comment la violence quotidienne peut mener à des situations où tout ce que l’on peut se dire est oh merde ! – c’est pour cela que nous avons tenu à mettre la scène du happy slapping, qui n’était pas dans le livre. Et franchement, la scène telle qu’elle est filmée n'est que de la rigolade à côté de ce que cela peut être dans la réalité. Il était aussi important pour nous de montrer un peu le cadre familial d’Erol, le terrifiant chef de bande. Nous avons ainsi rendu son personnage plus complexe. Dans le film, on le voit pousser un landau et porter des courses. Mais comme chef de bande, il doit se montrer extrêmement dur... Nous avions d'ailleurs pensé appeler le film Testostérone... D’un côté Erol est un jeune père de famille, qui aime sa femme et achète des couches pour son bébé... de l’autre il joue l’homme fort et se comporte comme une terreur, ce qui le conduira à sa perte. »


- : « Le film parait très authentique. Comment avez-vous mené les recherches sur ces quartiers ? »

D. B. : « J’ai été dans les salles de classe, je me suis énormément promené dans les rues de Neukölln, j’ai observé la vie de tous les jours dans ce quartier, le mélange incroyable de nationalités. Tu les vois se disputer dans la cuisine par exemple et tu aperçois sur un coin de table une jeune fille qui fait ses devoirs... J’ai juste pris le temps de regarder, sans prendre de notes ou de photos. A mon avis, c’est la meilleure façon de s’imprégner d’une atmosphère pour mieux la retranscrire.
L’acteur David Kross, qui joue le rôle de Michael, a apporté beaucoup de sérieux et de précision à son personnage. En lisant le livre, il a tout compris de la complexité de cet adolescent jusqu’à l’instant ultime où il doit prendre la décision de tuer ou de ne pas tuer. Au moment du casting, j’ai vu beaucoup de candidats pour ce rôle qui se contentaient de prendre l’arme et de tirer. Quand je leur demandais pourquoi ils faisaient comme ça, ils me répondaient juste
c’est dans le scénario. David avait lui parfaitement compris le sens de cette scène...
Il a plusieurs scènes très fortes dans le film. Quand il se dispute avec sa mère par exemple ou quand il rencontre le dealer Hotte, qu’il est absolument sans défense et ne sait pas comment réagir. Ce qui est génial avec lui, c’est que tu peux lire ses pensées sur son visage. Tu vibres avec lui et tu sais toujours ce qu’il ressent. Pour moi, c’est ça un bon acteur. Tout le reste n’est que gesticulation. Bien que ce soit son premier rôle, il a fait preuve d’une très grande perspicacité. C’est un jeune homme très sérieux, du haut de ses 15 ans !
»

- : « Avez-vous été inspiré par d’autres films ? »

D. B. : « Quelqu’un m’a dit récemment que mon film est un mélange de Moi, Christiane F... et des films de Scorsese comme Mean Streets. Quelqu’un d’autre a trouvé des ressemblances avec Le Samouraï de Melville. Quant à moi, j’adore Les 400 coups de Truffaut. Tous ces films sont des films que j’aime, des films sur des gens seuls. Chaque image, chaque son est là pour une raison. Tout ce que tu as à faire est de regarder et écouter. Mon public préféré est celui qui se laisse porter par ce qu’il voit et entend. Au début dans Les enragés, quand on entend la musique de Stravinsky et que l’on découvre ce jeune homme qui marche dans la rue, désorienté, on comprend tout de suite que ce qui va suivre ne va pas toujours être drôle. Nous étions déterminés à raconter cette histoire : l’histoire d’un jeune homme qui est choisi parce qu’il est le maillon faible. C’est ce qui arrive à tous ceux qui n’ont pas de repères. »


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Cem Ozdemir, membre du Parlement Européen
Cem Ozdemir : « Les enragés, magnifiquement interprété, est un portrait dur et réaliste du quartier Neukölln de Berlin et de tous ses problèmes sociaux. Ce film est comme un cri contre la décadence des jeunes dans des écoles où les profs sont débordés, et contre le cercle vicieux de la drogue et de la violence qui conduisent inévitablement à tant de désespoir.
On y voit des arabes dealers de drogues, des Turcs qui s’entretuent et une jeune allemande blonde entretenue par un riche avocat allemand. Le film réussit à ne pas utiliser de stéréotypes ethniques et à ne pas s’élever contre une société multiculturelle. Il nous incite plutôt à regarder avec attention et à faire quelque chose pour améliorer la situation.
Les enragés nous montre très clairement que nous ne pouvons pas ignorer les problèmes de nos villes. Nous ne pouvons plus continuer à penser que les bonnes familles doivent vivre dans les "bons quartiers" et laisser le reste de la ville à ceux qui n’ont jamais eu la chance de s’en sortir car ils ont de mauvaises origines ou parlent la mauvaise langue. Nous ne pouvons pas non plus laisser toute la responsabilité de résoudre nos problèmes aux enseignants ou à la police, ou même à des parents qui ne peuvent la plupart du temps rien faire, n’ayant bien souvent eux-mêmes pas les ressources nécessaires pour offrir un meilleur avenir à leurs enfants.
Bien évidemment les parents, les profs, la société et les jeunes eux-mêmes doivent aider à résoudre ces problèmes. Mais c’est avant tout l’Etat, qui en cette période de globalisation est tout sauf obsolète, qui doit prendre la responsabilité d’organiser l’éducation de nos enfants et de notre jeunesse. Idéalement, avec l’aide des parents. Et plus encore, il est grand temps de donner enfin des chances de réussite équivalentes à tous. Les enfants d’ouvriers et d’origine sociale modeste doivent pouvoir participer pleinement à la vie politique, sociale et culturelle. Si cela ne se produit pas, il ne faudra pas s’étonner qu’un jour nous soyons confrontés à ce que le sociologue Ulrich Beck a appelé une révolte des oubliés.
»

Cem Özdemir est allemand d’origine turque. Il est membre du Parlement Européen depuis 2004 et représente le parti Vert et the European Free Alliance. Il est notamment spécialiste de la politique étrangère européenne, en particulier des relations transatlantiques et des relations entre la Turquie et l’Union Européenne, ainsi que des politiques d’intégration allemande et européenne.


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Fiche technique
Réalisateur : Detlev Buck
Scénariste : Zoran Drvenkar et Gregor Tessnow
Chef opérateur : Kolja Brandt
Casting : Astrid Rosenfeld
Monteur : Dirk Grau
Décorateur : Udo Kramer
Son : Florian Niederleithinger et Dirk Jacob
Musique originale : Bert Wrede
Producteurs : Sonja Schmitt et Jan Brandt
Producteur Exécutif : Claus Boje
Producteur pour Wdr : Michael Andre
Producteur pour Arte : Andreas Schreitmuller
Distributeur France : Jour 2 Fête

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de



remerciements à
Étienne Ollagnier et Sarah Chazelle
logos, textes & photos © www.jour2fete.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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