• Molière

Publié le par 67-cine.gi-2007













Molière comédie dramatiquede Laurent Tirard



avec :
Romain Duris, Fabrice Luchini, Laura Morante, Édouard Baer, Ludivine Sagnier, Fanny Valette, Mélanie Dos Santos, Gonzague Montuel, Gilian Petrovsky, Sophie-Charlotte Husson, Arié Elmaleh et Éric Berger


durée : 2h
sortie le 31 janvier 2007

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Synopsis
En 1644, Molière n'a encore que vingt-deux ans. Criblé de dettes et poursuivi par les huissiers, il s'entête à monter sur scène des tragédies dans lesquelles il est indéniablement mauvais.
Et puis un jour, après avoir été emprisonné par des créanciers impatients, il disparaît...


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Notes de production
Molière. À lui seul, le nom évoque un univers d’une incroyable richesse. Célèbre et emblématique d’un art qu’il a maîtrisé au point de le personnifier, Molière est pourtant souvent réduit à une sorte de génie d’un théâtre du passé. Loin de célébrer un monument ou un cliché, par un biais aussi original que surprenant, le nouveau film de Laurent Tirard nous plonge au coeur de la vie et de l’oeuvre de celui qui, avant de devenir le plus grand des auteurs, fut d’abord un homme.
Toutes les biographies de Molière mentionnent une absence aussi longue que mystérieuse alors qu’il n’a que vingt-deux ans. Et si, pendant ces mois-là, Molière avait rencontré ceux dont il allait faire ses personnages ? Et si pendant cette aventure, il avait vécu les sentiments extrêmes qui enflamment ses pièces et bouleversent le public quelles que soient les époques ? Et si, dans le secret de cette parenthèse, il avait rencontré celle qui allait lui donner la clé de lui-même et l’inspirer à jamais ?

Une autre approche
Laurent Tirard, coscénariste et réalisateur, explique : « On pourrait imaginer que je suis un grand fan de Molière et que j’avais envie de faire ce film depuis longtemps, mais ce n’est pas du tout le cas. Le projet est né de façon presque accidentelle. Au moment de la sortie de Mensonges et trahisons, mon premier long, je me suis rendu compte que ce que je pensais être un film original, un peu nouveau, s’inscrivait en fait dans l’espèce de mode des films sur les trentenaires. J’ai alors réagi avec l’envie de ne surtout plus faire une comédie contemporaine et de travailler sur un film qui ne ressemblerait pas aux autres. Pour Mensonges et Trahisons, j’avais pris beaucoup de plaisir à tourner toutes les petites séquences sur la Préhistoire, le Moyen-Âge, le XIXe siècle ou même les années 80.
L’idée d’une comédie décalée, aux thèmes modernes mais en costumes, m’attirait vraiment.
Le champ restait encore vaste.
J’avais le souvenir d’avoir lu Le misanthrope avec plaisir au lycée, mais rien depuis.
Je me suis donc replongé dedans et, maturité et expérience aidant, cela m’a beaucoup plus parlé aujourd’hui qu’à l’époque ! Du coup, j’ai eu envie de lire Molière. J’ai découvert
Les femmes savantes que je ne connaissais pas du tout. J’ai tout aimé de cette pièce brillante. Au-delà de la magie des mots, les situations étaient universelles, intemporelles et Molière les restituait avec un sens de la nature humaine unique. Comment faire un choix ? Comment adapter ? Le misanthrope ne me suffisait pas, Les femmes savantes non plus. En parallèle, je me suis évidemment intéressé à l’auteur et j’ai commencé à lire des biographies. »
« Pour arriver à un projet satisfaisant, Grégoire Vigneron, mon coscénariste, et moi devions digérer ce qu’avait écrit Molière et son histoire personnelle afin de tout réunir. Il nous fallait orchestrer une rencontre imaginaire entre l’auteur et son oeuvre. Ce film devait avoir l’esprit des pièces de Molière et en même temps, refléter notre point de vue sur lui. »
Marc Missonnier, producteur, se souvient : « Après Mensonges et trahisons, Olivier Delbosc et moi souhaitions retravailler avec Laurent. Il est venu nous présenter plusieurs projets et celui-là nous a tout de suite enthousiasmé. Un sujet pareil traité par Laurent et Grégoire offrait un vrai potentiel. Tout à coup, loin des images classiques et de l’académisme que l’on associe souvent à Molière, ils insufflaient la vie. Leur approche changeait tout. Même si leur idée relevait de la fiction, elle avait le mérite de dépoussiérer le mythe et de nous plonger dans ce que son oeuvre a de plus vif, de plus drôle, de plus émouvant et de plus intemporel. »

Au coeur d’une oeuvre et d’un homme
Laurent Tirard explique : « Avec Grégoire, nous partageons un certain point de vue sur la vie et surtout, nous rions des mêmes choses. Sur un plan plus technique, nous nous complétons également très bien. Je m’occupe surtout de la structure et de la construction de l’histoire et Grégoire, lui, s’attache davantage aux personnages. Il m’aide à les creuser et à les explorer. Nous venons de milieux assez similaires mais avec des expériences de vie totalement différentes. J’ai eu une existence très protégée et je suis bien trop sage.
Cela a le mérite d’amener une certaine rigueur dans l’écriture qui rassure Grégoire. Lui, s’est plus frotté à la vie et la connaît beaucoup mieux que moi. Avant de travailler avec lui, je faisais évoluer les personnages de façon terriblement logique, et il a su me démontrer que les gens agissent rarement ainsi ! »
Grégoire Vigneron intervient : « En lisant l’oeuvre de Molière, nous nous en sommes sentis très proches car son travail associe étroitement l’étude de moeurs et une remarquable description sociale. Molière a inventé la comédie de moeurs que nous aimons tant et que des gens comme Woody Allen pratiquent. »
Laurent Tirard reprend : « Il existe différents types de biographies sur Molière. Certaines sont très documentées mais un peu froides, presque cliniques. La biographie très romancée de Mikhaïl Boulgakov fait grogner beaucoup d’historiens mais elle nous a donné un éclairage beaucoup plus humain sur le personnage. Les biographies ont souvent le défaut de vouloir absolument mettre en valeur les qualités de Molière et de montrer son incroyable génie. En idéalisant le personnage, les biographes créent une distance et nous empêchent de nous attacher à lui humainement. En revanche, ses défauts, sa faible
capacité à l’autodérision, son côté un peu caractériel, sa lâcheté, le descendent un peu de son piédestal et le rapprochent de nous. »
Grégoire Vigneron ajoute : « Notre ambition n’était pas de faire une thèse sur Molière. Notre histoire est une fiction, mais directement inspirée de son esprit et de son travail. Il a quand même été réellement jeté en prison pour dettes, et c’est ensuite qu’il a disparu… »
Laurent Tirard reprend : « Les biographies des années 50 parlent d’une disparition de plusieurs mois. Même si ce fait est aujourd’hui parfois remis en cause, nous avons choisi de nous intéresser à cette période décisive qui survient au moment où Molière affronte son pire échec de tragédien, juste avant le grand départ pour la tournée en province qui
marquera le véritable début de son envol. De ce mystère, de cette absence, nous avons décidé de faire le coeur du film. Nous avons également cherché à nous imprégner de son oeuvre en relisant tout, en analysant chaque scène. C’était un vrai plaisir parce que nous retournions ainsi vers la pure comédie et nous avons commencé à comprendre la
mécanique de ses pièces. Pendant trois mois, nous avons pris des notes, trouvé des idées de scènes, des principes de comédie ou seulement relevé certaines répliques. Nous avons ainsi accumulé une espèce de matière première un peu chaotique sans tout de suite chercher à l’organiser. Le plaisir que nous avons éprouvé en accomplissant ce travail a véritablement changé notre façon d’écrire. Pour Grégoire et moi, il y aura forcément un avant Molière et un après Molière. »


Bien plus humain qu’une statue...
Grégoire Vigneron explique : « Pour appréhender un personnage comme Molière,
il faut oublier son poids historique. C’est d’abord un héros comme nous les aimons.
Il est en plus surpuissant et ultra prolifique, il a quand même écrit Le Tartuffe en deux
semaines ! À côté de cela, il est aussi un peu lâche. Il y a à ce propos une anecdote savoureuse. Beaucoup de gens se reconnaissaient dans ses pièces et en étaient souvent blessés. Un jour, dans les couloirs de Versailles, un vieux soldat croyant s’être reconnu
fait semblant de vouloir l’embrasser. Molière s’approche et le soldat lui déchire la joue sur un des boutons de sa veste ! À l’époque, et dans ces lieux, cela impliquait
normalement un duel dès le lendemain matin ! Duel que Molière aurait perdu. Et il est parti en feignant de ne s’apercevoir de rien ! Ses préfaces étaient de pures entreprises de flatterie mais il était aussi capable de se mettre à dos les puissants simplement parce qu’il écrivait sincèrement, avec un mélange d’innocence et de spontanéité ! Toutes ses contradictions, ses passions, ses paradoxes lui donnent une autre densité que l’image d’icône dans laquelle il est souvent enfermé. C’était un être vivant, émotif et tout ce qu’il a écrit était d’abord remarquablement senti et observé. »
Grégoire Vigneron ajoute : « Autre fait marquant de sa personnalité : Molière était préoccupé par les entrées que faisaient ses spectacles. Il dirigeait une troupe et se
battait pour que ça marche. Il avait un sens aigu du marketing et de la communication. En ayant galéré de vingt-deux ans à trente-sept ans, il avait eu le temps d’apprendre
le terrain, la réalité du métier et du public. Une fois qu’il est arrivé à Paris, il a même fait preuve d’un réel sens du people ! Ses pièces sont devenues l’endroit où il fallait être, il a même acheté des stars à l’Hôtel de Bourgogne. Grâce à Lagrange qui tenait les
minutes de la troupe, on sait exactement l’importance des entrées, et si quelque chose ne marchait pas, Molière était prêt à réécrire ! »
Laurent Tirard précise : « Je pense qu’il était beaucoup plus complexe que l’icône qu’il est devenu. Il était susceptible, écorché vif, capable d’accès de mégalomanie, de grands moments de dépression et de désespoir, pas très sûr de lui. »
Le réalisateur poursuit : « Dans le film, Molière est un jeune homme extrêmement enthousiaste qui d’une certaine manière, rompt avec son milieu pour se retrouver plongé dans une situation qui va le forcer à se découvrir tel qu’il est vraiment. Sa rencontre avec Elmire, plus âgée mais remarquablement attirante, va constituer une révélation. À travers le regard qu’elle pose sur lui, elle va lui montrer la voie à suivre. C’est la fiction de ce film. »
Grégoire Vigneron reprend : « La réalité est bien différente. En s’immergeant dans sa vie, on a pu se rendre compte que son parcours lui a permis d’être ce qu’il était. Fils d’un tapissier, artisan et entrepreneur, Molière possède un sens de l’artisanat qui se retrouve dans ses pièces. Autre fait qui le démarque de beaucoup d’auteurs, il était avant tout acteur. Il ne s’est pas mis à écrire pour l’amour des mots, mais pour jouer. Il n’est pas un auteur en chambre, mais un auteur acteur. Il est allé à l’école chez les Jésuites à Clermont où il a reçu une solide formation. Son père l’a obligé à faire du droit à Orléans. Il a donc une base théorique rigoureuse, teintée par une expérience de la souffrance affective et physique. Très jeune, vers l’âge de dix ans, il a perdu sa mère. Il subissait aussi une sorte de handicap car il ne respirait pas très bien. Ce n’était pas une force de la nature et il s’est usé jusqu’à la corde. Son grand-père l’emmenait voir les bateleurs et les comédiens sur le Pont Neuf et il a pu s’en émerveiller très tôt. Cet ensemble d’éléments convergents lui a permis de devenir celui qu’il était. »

Incarner plus que des rôles
Laurent Tirard explique : « À partir de cette connaissance et de cette matière concrète, nous avons commencé la construction du film en choisissant les personnages qui nous parlaient le plus. Nous avons dû en éliminer beaucoup, ce qui fut souvent douloureux. Nous avons resserré sur certains, en avons aussi fusionné plusieurs en un seul. Ainsi, Célimène est un mélange de la Célimène du Misanthrope, de la Philaminte de Les femmes savantes et elle est entourée de Les précieuses ridicules. Même Jourdain est un mélange. Nous avons aussi attribué les qualités de certains personnages à notre Molière lui-même. »
Grégoire Vigneron poursuit : « Nous nous étions tellement imprégnés des pièces que nous avons lues et relues, que la musique est venue d’elle-même. Le lien entre ce qui était de Molière et ce qui était de nous s’est établi assez facilement. »
Laurent Tirard reprend : « Nous n’écrivons jamais en fonction de comédiens précis, en partie par superstition. Avoir un acteur en tête permet évidemment de mieux visualiser le personnage mais s’il refuse, faire le deuil de son visage et de sa voix est vraiment terrible !
Sur ce film, tous les comédiens étaient très différents, avec des personnalités très fortes, des modes de fonctionnement variés. On peut parler de premiers rôles juxtaposés. Il fallait à chaque fois que je me replace mentalement dans l’axe de chacun. »


Le réalisateur confie : « De par la nature même du concept, le personnage de Molière dans le film est très souvent spectateur, en particulier vis-à-vis de Jourdain. Il rencontre ses personnages et il est lui-même l’un d’entre eux, Tartuffe, ce qui lui permet d’être aussi un moteur. Un acteur qui aurait manqué de présence aurait très vite été effacé. Chez Romain Duris, j’espérais trouver la présence, le souffle qui donnerait vie à Molière au-delà de toutes les idées préconçues. Il a donné bien plus que ce que j’espérais. Romain apporte une intensité et une présence dont j’ai pleinement pris conscience pendant le tournage et qui se sont révélées primordiales pour le personnage. Il m’a aussi surpris, et s’est sans doute surpris lui-même, par son talent pour la comédie. Certaines scènes du film nécessitaient un vrai travail de pure comédie comme lorsqu’il ridiculise les huissiers, quand il imite tous les personnages de la maison pour Elmire ou quand, dans les scènes finales, il doit jouer sur scène toutes les pièces de Molière. Romain n’avait jamais fait de théâtre, encore moins de théâtre classique, et c’était une vraie inconnue. Au troisième jour du tournage, on devait jouer Les fourberies de Scapin et quand Romain s’est lancé, il nous a tous sidérés.
Il avait parfaitement saisi le truc, il était juste, à l’aise et prenait du plaisir. Romain travaille énormément chaque fois qu’il est dans un domaine qu’il ne maîtrise pas complètement.
Son énorme capacité de travail et son professionnalisme m’ont impressionné.
Au final, je trouve qu’il campe un jeune homme vif, pétri de sentiments, d’idées et de
doutes, qu’il apporte au personnage un charisme viril et un esprit moderne remarquable. »
Laurent Tirard poursuit : « On peut se demander pourquoi j’ai voulu confier le rôle de Jourdain à Fabrice Luchini. Je souhaitais sa folie, sa capacité à changer d’humeur à l’intérieur même d’une scène. Peu d’acteurs peuvent jouer sur autant de notes différentes. Fabrice a beaucoup hésité à faire le film. En effet, si une personne en France peut être considérée comme spécialiste de la langue française, du texte et donc de Molière, c’est lui. Et il se trouvait face à un jeune réalisateur qui a fait un vague premier film et lui annonce qu’il va faire un film sur Molière ! Je venais en quelque sorte chasser sur ses terres. Ensuite, je lui proposais le rôle de Monsieur Jourdain et il a eu beaucoup de mal à se débarrasser de l’image que tout le monde en a, celle d’un gros nigaud, d’un imbécile heureux, totalement ridicule, complètement inculte – tout le contraire de Fabrice. Lors de notre première rencontre, il m’a même demandé si je l’avais choisi par une volonté perverse de l’humilier – ce qui m’a beaucoup fait rire ! J’ai eu du mal à le convaincre que pour moi, Jourdain était un personnage beaucoup plus complexe et qu’il fallait un acteur de sa puissance pour renverser tous les a priori que le nom du personnage engendrait. D’ailleurs, s’il s’appelle Jourdain, il est en fait la synthèse de plusieurs personnages de bourgeois de Molière : Orgon dans Le tartuffe, Chrysale de Les femmes savantes. Au début, il peut paraître méprisable mais on se rend vite compte qu’il est en fait beaucoup plus subtil et même touchant. C’est un être complexe, qui s’est construit seul et ne doit sa réussite à personne. Son désir d’ascension sociale le pousse à vouloir séduire Célimène qui incarne la noblesse. Aussi fort et intelligent soit-il, il peut aussi devenir un enfant que l’on mène par le bout du nez. Je ne voyais donc pas forcément un contre-emploi, mais plutôt l’utilisation d’un trait commun entre le Jourdain que j’imaginais et Fabrice que je définirais comme une naïveté proche de l’enfance. Fabrice peut avoir ce côté totalement naïf, sans que cela paraisse factice. Au final, il a la complexité que j’espérais et il apporte au personnage une humanité que je n’aurais pas trouvée chez un autre acteur. »
Le réalisateur explique : « Pour le rôle d’Elmire, étrangement, je n’arrivais pas à trouver en France ce mélange de charme, de maturité, de caractère et de tendresse dont le rôle avait besoin. À travers ce personnage, c’est aussi notre vision des hommes - de grands enfants qui ne mûrissent jamais - qui s’exprime, et des femmes – avec leur sagesse, leur lucidité et l’amour qu’elles nous portent. Pourquoi a-t-elle épousé Jourdain ? Elle n’avait vraisemblablement pas le choix. Mais à l’intérieur de l’existence qui lui est imposée, elle fait sa vie en aimant ses enfants, en étant l’amie de son mari. On a de l’estime pour elle. »
« La première chose qui m’a frappé en découvrant Laura Morante dans ses films, c’est la puissance de son regard, l’intensité et la mélancolie qui s’en dégagent. En même temps, lorsqu’elle sourit, son visage s’illumine totalement. Laura a cette élégance naturelle, et son bel accent apportait un mystère supplémentaire au personnage.
Laura parle très bien français mais son accent posait tout de même des problèmes d’articulation et de rythme. Elle a beaucoup travaillé et j’ai vite compris que le problème était plus lié à une angoisse qu’elle-même ressentait vis-à-vis du texte. Plus que quiconque dans l’équipe, elle redoutait le poids de Molière, sa stature et la dimension sacrée de ses textes. Elle avait lu toutes ses pièces et craignait de le trahir. Cette conscience l’honorait mais l’entravait considérablement. J’ai dû la convaincre d’oublier le texte pour se détendre et prendre du plaisir à jouer. Elle avait besoin de parler de son personnage et d’être rassurée sur ce qu’elle faisait. C’est elle qui proposait le plus de choses. Son rire lors du dîner, après la journée qui l’a vue percer à jour la véritable identité de Tartuffe, n’était pas du tout prévu. Il apporte quelque chose de fantastique. Elle est une Elmire lucide, aimante, séduisante, émouvante jusque dans ses derniers instants. Il fallait cela pour qu’elle puisse marquer le personnage de Molière de façon crédible. Laura incarne à la fois l’idéal romantique et la révélation de Molière. »
Laurent Tirard commente : « Dorante devait forcément avoir un certain charme pour arnaquer Jourdain. Edouard Baer avait tourné dans mon premier film et nous nous connaissons bien. Au-delà du plaisir de sa compagnie, je sentais que ce rôle allait lui permettre de dépasser son registre habituel. Il m’a d’abord surpris en jouant avec moins de second degré qu’on aurait pu le penser. Lui aussi a choisi une certaine gravité. Jouer ce personnage, qui n’est pas seulement un gentil mondain, lui faisait plaisir. Il lui permet d’aller plus loin que son personnage habituel de beau parleur virevoltant. Avec un réel talent, il emmène Dorante jusqu’à une espèce de perfidie, jusqu’à la manipulation. Comme dans Molière, il n’y a pas de rédemption pour lui. Dorante est poussé au bout de sa logique. À la fin, il est simplement mauvais, pathétique. Il a une grande importance dans le film, c’est l’un des moteurs de l’histoire. Edouard a un registre de jeu bien plus large que ce que l’on peut soupçonner. Plus il se révélera, plus il surprendra. Pour l’instant, son grand talent réside dans le second degré et l’ironie. Dans ce film, il va vers une noirceur inédite. Je suis déjà curieux et impatient de ce que nous ferons ensemble la prochaine fois. »
Le réalisateur confie : « Pour incarner Célimène, je n’ai eu aucune hésitation, je savais que Ludivine Sagnier était le meilleur choix. J’aime son côté pétillant, jeune, un peu peste !
Parachutée pour quatre jours de tournage, il n’était pas facile pour elle de s’adapter
car tous les autres acteurs avaient eu plus de temps pour rentrer dans cet univers et trouver le rythme. C’était à la fois difficile et magique. Elle devait me faire totalement confiance. Edouard et elle se connaissaient bien et leur complicité naturelle a été utile. Travailler avec elle a été un grand plaisir. Elle est tout simplement parfaite et incarne une Célimène craquante, sexy, un peu chipie, exactement comme je l’imaginais ! Elle avait en plus une maîtrise remarquable de son texte qui n’était pourtant pas évident. Lorsque vous la voyez, debout dans son salon, tenir son auditoire avec autant de charme que de phrases assassines, c’est une véritable jubilation. »
Marc Missonnier commente : « Le scénario était une première force de ce projet, mais le casting en est une autre, et probablement la plus puissante. Découvrir tous ces talents dans des emplois souvent inédits, dans un registre qui allie l’efficacité et la beauté de la langue de Molière à leur énergie et leur charisme, était fascinant. En découvrant l’histoire, nous avons tous été sensibles à l’humour des situations, au côté pétillant, mais nous avons aussi vu surgir une émotion. Il y a de grands moments qui nous entraînent du rire aux larmes et inversement. Molière est une émouvante comédie. Ceux qui connaissent Molière et son oeuvre se régaleront du travail d’orfèvre accompli par les comédiens sur la partition de Laurent et Grégoire, mais ce que je trouve formidable, c’est que même ceux qui ne connaissent rien vont découvrir un excellent film qui leur donnera beaucoup de plaisir et peut-être l’envie de découvrir autre chose. »


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Fiche technique
Réalisation : Laurent Tirard
Scénario et dialogues : Laurent Tirard et Grégoire Vigneron
Image : Gilles Henry
Chef décoratrice : Françoise Dupertuis
Créateur de costumes : Pierre-Jean Larroque
Chef costumier : Gilles Bodu-Lemoine
Chef costumière : Pui Laï Huam
Montage : Valérie Deseine
Son : Eric Devulder
Montage son : François Fayard
Mixage : Thomas Gauder
Assistant réalisateur : Alan Corno
Casting : Stéphane Foenkinos
Scripte : Isabelle Perrin-Thevenet
Photographe de plateau : Jean-Marie Leroy
Maquillage : Michèle Constantinides
Coiffure : Jean-Pierre Berroyer
Direction de production : Laurent Sivot
Productrice exécutive : Christine de Jekel
Produit par : Fidélité Films, Olivier Delbosc et Marc Missonnier
En coproduction avec : France 2 Cinéma et France 3 Cinéma
En association avec : Wild Bunch
Avec la participation de : Canal +

À l’occasion de la sortie du film, une vaste opération de sensibilisation auprès du monde enseignant est organisée en partenariat avec les Éditions Nathan. Deux pièces de Molière seront éditées dans la collection Carrés Classiques début 2007 : Le bourgeois gentilhomme et Le tartuffe. Un dossier pédagogique de 32 pages accompagne le lancement du film et sera largement diffusé aux professeurs des collèges et des lycées.
Laurent Tirard et Grégoire Vigneron sont également les auteurs d’un livre, édité par Nathan, qui propose l’intégralité des dialogues du film et offre un décodage des pièces de Molière intégrées dans le scénario.

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à
Alexandre Cerf et Hélène Ber
www.wildbunch-distribution.com
logos & textes © 2006 WBD - Tous droits réservés
photos © Jean-Marie Leroy

Publié dans PRÉSENTATIONS

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