• Cartouches gauloises

Publié le par 67-cine.gi-2007













Cartouches gauloises drame de Medhi Charef






avec :
Ali Hamada, Thomas Millet, Tolga Cayir, Julien Amate, Mohammed Medjahri, Sabrina Senoussi, Nassim Meziane, Aurore Labrugere, Nadia Samir, Zahia Said, Bonnafet Tarbouriech, Mohammed Dine El Hannani, Betty Krestinsky, Jean Nehr, Assia Brahmi, Marc Robert, Louis Navarre, Diboun Benamar et Yves Michel


durée : 1h32
sortie le 8 août 2007

***

Synopsis
C'est le printemps 1962. Le dernier printemps de la Guerre d'Algérie. Le printemps avant l'été de l'Indépendance.

Ali, 10 ans, est vendeur de journaux. Son monde est celui de la guerre et de l'enfance. Dans son monde il y a les attentats. Il y a l'apartheid. Il y a son père, un moujahid dont on lui a dit de dire qu'il est parti travailler en France. Il y a l'arbitraire et la violence de la « pacification ». Il y a le cinéma où Ali va chercher la paix, récitant les dialogues de Los Olvidados qu'il connaît par coeur.

Et il y a Nico, le meilleur copain d'Ali.

Et il y a le foot et l'équipe de Reims… « C'est les meilleurs ! ».

Il y a la cabane qu'ils construisent tous ensemble.

Il y a les copains algériens qui se font rafler, exécuter…

Il y a les copains français qui partent un à un en sachant qu'en France « y fait gris, tout le monde est triste et… ils aiment pas les youdes »…

Il y a Djelloul le harki qui fait si peur à Ali… L'homme sans pitié qui bientôt fera pitié à Ali…

Il y a Barnabé, le chef de Gare, muté à Sarcelles où, c'est sûr, il n'est « pas près d'y revoir un Arabe ou un Juif… »

Il y a Zina, la pute de qui Ali est amoureux… Bientôt, elle fuira… mais qui voudra l'aider, à part peut-être Ali ?

Il y a Rachel, la voisine juive, qui -Indépendance ou pas !- reste et dit préférer « mourir de la main des Arabes que d'être humiliée, là bas, en France… »… Elle sourit à Ali en lui disant « allez… Va à ton Indépendance… »

Il y a l'amour d'une mère, d'une épouse, enveloppant son fils Ali d'affection, de force, de dignité en attendant le retour de liberté, et avec, celui de « son homme »…

Et il y a Nico… encore et toujours.
Le meilleur copain…
Le copain cruel aussi qui hurle «Vous êtes tous des fourbes ! La cabane, elle est à moi aussi ! »
Nico, le copain qui ne « partira jamais »…

Jamais ?


***

Medhi Charef : « Quand j’étais enfant, en Algérie, avant l’Indépendance, j’avais un copain français. Je pouvais aller jouer chez lui. Ses parents ne s’en offusquaient
pas, chose rare. Ce que j’attendais le plus chez lui, c’était l’heure du goûter. Sa maman nous le préparait : Jos (c’est comme ça qu’on l’appelait) avait un casse-croûte au jambon, et moi un au fromage car sa mère tenait compte du fait que je suis musulman. Parfois, c’était tout ce que je mangeais de la journée : chez moi, on était ce qu’on appelait les indigènes nus et ma mère n’allait faire une fournée de pain que tous les deux jours.
A la sortie de l’école que je commençais à fréquenter, Jos et moi construisions une cabane sous le pont du chemin de fer. Ensuite, pour aller me rafraîchir sous le soleil torride, j’allais me baigner dans l’oued avec les enfants comme moi. Jos, lui, allait piquer une tête dans la piscine des colons où je n’avais pas le droit d’aller.
Ensuite, la guerre des grands entre nos pères algériens et leurs pères français s’est intensifiée. Jos préférant la cause française et moi la cause algérienne, on s’est parfois boudé. On s’est parfois dit des choses méchantes. Et parfois, on en est venu aux poings… Et toujours en pleurant, parce qu’on regrettait nos gestes, nos mots… Ces larmes, sans qu’on se le dise, c’était la peur : pour lui de quitter l’Algérie et pour moi de le voir partir.
Un jour, Jos est parti. Sans qu’on ait fini de construire ensemble notre cabane. Cette cabane qui le fit éclater en sanglots, de rage, le jour où sur le sommet, je plantais un drapeau algérien. Celui de l’Indépendance. Il hurlait Cette cabane est aussi à moi ! Je l’ai construite aussi ! Elle n’est pas qu’à toi !. Il a fallu que trente années se passent pour que je me rende compte que cette cabane symbolisait l’Algérie. Je n’ai jamais revu Jos.
Pourtant, peu de temps après l’Indépendance, ma famille et moi rejoignions mon père en France. Parfois je pensais le croiser dans une rue de banlieue, loin de notre Algérie où nous étions des princes. Puis j’ai oublié Jos : me remémorer notre enfance me brisait dans ces bidonvilles, ces cités de transit, ces barres de béton que des années j’ai habités. L’exil m’a cassé, anéanti. Certainement comme lui.
Puis l’écriture m’est apparue comme la seule issue de secours. Par bonheur j’ai été publié. Enfin de l’air dans mes poumons, à la place de l’angoisse.
Puis le cinéma, Michèle et Costa… Le Thé au Harem d’Archimède
Après mon deuxième film Miss Mona, en 1986, c’est le scénario Cartouches Gauloises que j’aurais dû écrire et tourner. Mais bon… d’autres idées, d’autres envies. D’autres aventures qui me permettaient peut-être aussi de ne pas trop remuer certains coins sombres de ma mémoire et de ne pas toucher aux cicatrices de mon enfance.
Peut-être que je craignais aussi qu’un tel film devienne autre chose… que ce qui me tenait vraiment à coeur dans ce film me soit confisqué, volé, détourné, scruté, débattu, bien ou mal, à tort ou à raison, par bienveillance ou malveillance, peu importe… Je m’étais fait voler mon enfance une fois, et ça me suffisait.
J’ai aussi des amis pieds-noirs. Je crois que je ne voulais pas leur faire de la peine. Je n’ai jamais pu leur dire : Qu’est-ce qu’on a eu faim, nous les indigènes à cette époque-là. Et vous les Français, vous n’aviez rien vu. Ou vous ne vouliez pas. Pas du côté indigène
A chaque film que je faisais, à chaque film qui me tenait à une distance confortable de Cartouches Gauloises, ce film revenait, attendait que je m’en occupe comme un enfant qui attend son père et qui veut se faire raconter son histoire, son enfance.
Quand j’ai commencé à écrire Cartouches Gauloises, j’ai tout retrouvé… Michèle et Costa pour m’accompagner aujourd’hui comme il l’auraient fait après Miss Mona… et les cicatrices, les douleurs. J’ai aussi retrouvé intact le malaise de fouiller dans ma mémoire lorsque je suis revenu à Tlemcen et Maghnia en repérage… L’angoisse quand j’ai posé mes valises à quelques dizaines de kilomètres des lieux de mon enfance.
Il y a beaucoup de scènes dans le film où sur le moment, je croyais faire du cinéma et le soir, le lendemain, j’étais très mal. Parce que j’étais allé dans quelque chose que j’avais vécu très fortement, très douloureusement. Non seulement je le revivais, mais j’étais là à le recréer, avec des acteurs et des techniciens. Et je l’avais voulu.
Cartouches Gauloises, c’est aussi tout ce chemin-là.
»


***

Michèle Ray-Gavras (productrice) : « 1985 - Le Thé au Harem d’Archimède. Le Thé au Harem d’Archi Ahmed... C’était le début de notre collaboration. Le premier film de Mehdi qui venait de quitter l’usine après avoir publié son
roman, la première marche des beurs terminée à Gennevilliers le dernier jour de notre tournage, le premier film sur les banlieues...
Le début d’une complicité.
Il y a eu ensuite Miss Mona avec Jean Carmet...
Après Camomille, il était temps pour Mehdi de couper le cordon. Je l’encourageais. Nous sommes restés amis.
2005 - Mehdi arrive au bureau avec un scénario sous le bras qu’il tenait comme un bébé. Avec affection et inquiétude. Il m’a simplement dit Tiens. Lis. Il n’y a que toi qui peut produire ça.
Mehdi savait que je ne pouvais pas dire non à Cartouches Gauloises... prequel du Thé au Harem ! Il savait aussi que je l’accompagnerais chaque jour, que je serais son balancier, qu’il serait le funambule, que nous aurions tous les deux les yeux fixés sur le même point à l’horizon, que je le protègerais, contre tout, tous... et même de lui-même !
C’était un film difficile à financer... le sujet, la guerre d’Algérie, les thèmes abordés, l’enfance dans la guerre, la séparation, les harkis, la répression, la résistance... des acteurs inconnus...
Sans Salem Brahimi, l’Algérie, Jérôme Seydoux... ce film n’existerait pas.
»


***

Salem Brahimi (producteur associé) : « Cartouches Gauloises, c’est une histoire d’histoires…
Histoire de Mehdi…
Histoire de l’Algérie… de la France…
Histoire de tous ceux qui ont fait cet Eté 62 de fête et de défaite…
Et, pour la petite histoire, celle chargée, magnifique, qui lie Michèle à Mehdi…
Le cinéma algérien s’est saisi de l’Histoire, souvent avec talent, pour raconter, dénoncer, commémorer. Vive l’Histoire !
Le cinéma français s’est tenu loin de l’histoire franco-algérienne. Pas d’histoires !
Mais à force d’Histoire et de ne pas vouloir d’histoires… tout ça ne nous permet pas d’écrire une nouvelle histoire… Après l’apartheid et les déchirures, ne peut-on conter une histoire de rencontre et d’humanité ?
Et surtout, une histoire atypique, en touches… Des touches fragiles comme la mémoire, puissantes comme les traumatismes, douloureuses comme les séparations, heureuses comme un enfant… Et fortes comme l’a été pour tous, cet Eté 62…
A l’arrivée, l’histoire de Mehdi est vraie… Pas véridique. Pas factuelle. Vraie.
Cette vérité-là je suis heureux qu’elle ait été impressionnée sur de la pellicule en Algérie et en France, par des Algériens et des Français… ensemble…
Ensemble pour raconter l’histoire de tous ceux qui ont fait l’Histoire heurtée qui nous lie. Mais surtout l’histoire magnifique de Ali et Nico...
»


***

Fiche technique
Ecrit et réalisé par : Mehdi Charef
Produit par : Michèle Rayay-Gavrasavras
Producteur associé : Salem Brahimi
Producteur exécutif Algérie : Yacine Laloui
Casting : Coralie Amédéo
Image : Jérôme Alméras
Décors : Hélène Mélani et Adel Kacer
Costumes : Mathé Pontanierontanier
Son direct : Olivier Hespel
Montage son : Jonathan Gargui dit Marco
Mixage : Olivier Goinard
Montage image : Yorgos Lamprinos
Musique : Armand Amar
Coproduction : KG Productions, Pathé Distribution et Battam Films
avec le soutien de : la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et de l’A.C.S.É. l’Agence nationale pour la Cohésion Sociale et l’Egalité des chances
en partenariat avec :  le C.N.C.
avec l’aide du : Ministère de la Culture (Algérie), Alger 2007 et Capitale de la Culture Arabe et du F.D.A.T.I.C. Fonds de Développement de l’Art, la Technique et l’Industrie Cinématographique
avec la participation de : Canal + et de Cinecinéma
Distribution : Pathé Distribution
Presse : Absolument - François Hassan Guerrar et Julie Tardit

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présentation réalisée avec l'aimable autorisation de

remerciements à Claire Cortes
logos & textes © www.pathedistribution.com
photos © KG Productions

Publié dans PRÉSENTATIONS

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