Jaurais voulu être un danseur
J’aurais voulu être un danseur comédie dramatique de Alain Berliner
avec :
Jean-Pierre Cassel, Vincent Elbaz, Cécile De France, Circe Lethem, Pierre Cassignard, Jeanne Balibar, Simon Buret, Franck Monier et Pascal Langdale
durée : 1h45
sortie le 29 août 2007
***
Synopsis
Gérant d’une vidéothèque, François Maréchal mène avec Blanche et leur fils une existence paisible et sans éclat, jusqu’au jour où dans son magasin, il met en rayon le DVD de Chantons sous la pluie. Il décide de regarder quelques images du film et découvre le monde de la comédie musicale. Cette révélation va bouleverser sa vie car, dès lors, François n’a plus qu’une obsession : devenir danseur de claquettes.
Tournant le dos à son bonheur tranquille, il délaisse peu à peu, femme, enfant et travail pour vivre pleinement sa soudaine et secrète passion.
François va alors être rejoint par le passé familial, marchant sans le savoir sur les traces de son père qu’il croyait disparu…
Sous influence revendiquée de l’oeuvre de Gene Kelly et Stanley Donen, le nouveau film d’Alain Berliner, réalisateur de Ma vie en rose, conjugue musical de haute volée et secrets de famille pour une séduisante comédie contemporaine.
***
Alain Berliner : « La disparition brutale de Jean-Pierre m’a surprise car il n’aimait pas inquiéter et ne parlait pas de la gravité de son état.
J ’ai eu tellement de plaisir à travailler avec lui, que ce soit sur La maison du Canal ou J’aurais voulu être un danseur, j’aurais aimé continuer.
Dans la chanson Broadway dans la tête, interprétée par Jean-Pierre dans le film, Pépé chante son histoire, bien entendu, mais elle est pleine de similitudes avec celle de Jean-Pierre.
Un jour, Jean-Pierre a vu une comédie musicale et il a été emporté. Gene Kelly, les pavés luisants sous la pluie, Broadway, le haut de l’affiche… c’était son univers, son rêve.
Depuis, il n’a cessé d’être ce magnifique acteur qui aimait aussi danser et chanter, et ne pouvait rester trop longtemps sans faire un pas de claquettes ou fredonner un air qui lui trottait dans la tête. Un comédien chanteur danseur s’en est allé. C’était un homme rare. »
***
Entretien avec Alain Berliner
- : « Comment avez-vous fait le choix de ce titre pour le film et que représente t-il ? »
Alain Berliner : « Le premier titre auquel j’ai pensé pour le film était Gene Astaire mais la veuve de Fred Astaire s’est opposée à l’utilisation du nom dans le titre. Je pouvais prendre le risque de l’utiliser comme nom de scène pour le personnage du père mais je ne pouvais pas l’utiliser comme titre, j’ai donc abandonné cette idée. On a aussi envisagé Broadway dans la tête, malheureusement si Broadway signifie quelque chose dans les pays anglo-saxons, c’est beaucoup moins évident ici, mais c’est vrai qu’en anglais Broadway on my mind reflète bien l’esprit du film. Si l’impulsion de base n’est pas tout à fait la sienne, François a néanmoins le désir très profond d’être danseur et même quand il en comprend les véritables raisons, ça ne lui passe pas. S’il ne devient pas un danseur vedette, il finit, malgré tout, par chanter et danser. Certains deviennent chanteurs de bals, ils en font leur vie et sont très heureux comme ça. Je pense que c’est très important car, certes, on n’est pas tout à fait maître de nos choix mais au moment où l’on s’engage dans une voie et qu’elles qu’en soient les raisons, on a envie d’aller jusqu’au bout. »
- : « J’imagine que vous vous retrouvez en partie dans le personnage de François car plus jeune vous avez, vous aussi changé de voie… »
A. B. : « Bien sûr ! Quand je suis entré à l’école de cinéma, c’était d’abord pour continuer mes études et surtout faire de la musique tranquillement, sans trop me préoccuper du lendemain. J’ai été le premier surpris d’en faire un métier qui me permette de gagner ma vie, car sur le nombre d’aspirants réalisateurs qui sortent des écoles de cinéma, combien font, ne serait-ce qu’un premier long-métrage, surtout en Belgique ? Il y en a très peu et donc je me dis que j’ai eu beaucoup de chance d’être parmi ceux-là. Faire un film est toujours une entreprise à haut risque, il faut une patience à toute épreuve et une obstination certaine, mais en même temps, c’est un tel plaisir quand on y arrive… »
- : « Comment est né ce film ? »
A. B. : « Le point de départ est un scénario autour de trois histoires parallèles qui finissaient par se croiser. L’une d’entre elles, qui tournait autour d’un secret de famille et de sa répétition à travers les générations me plaisait beaucoup plus que les autres. Noyée parmi les deux autres, je n’arrivais pas à la développer comme j’en avais envie, à moins d’en faire un film de trois heures… J’ai donc choisi de l’isoler et de réécrire un autre scénario à partir de cette base. Dans des lectures, des histoires que j’avais entendues, j’ai réalisé à quel point, de manière inconsciente, certains mettent leurs pas dans ceux de leurs parents, et font preuve à leur égard d’une loyauté destructrice, recréant de génération en génération les mêmes conduites, les mêmes erreurs. P ar exemple dans la famille de Baudelaire, pendant un siècle, les pères, tous militaires, ont abandonné, sans raison apparente, femme et enfant lorsque leur fils atteignait l’âge de six ans. Un des plus grands poètes s’est construit sur cette déchirure. Mais les autres ? Combien en sont morts directement ou indirectement ? Combien de fils développent au même âge, la même maladie que leur père et leur grand-père ? Le même accident ? Je me suis rendu compte que le poids du passé pèse beaucoup sur notre présent, beaucoup plus que nous ne voulons bien l’admettre. C’est ce que découvre aussi François, le héros de J’aurais voulu être un danseur. C’est ce qu’il va essayer de changer. »
- : « A-t-il été difficile de trouver l’équilibre entre tous les genres abordés, comédie musicale, drame psychologique, onirisme ? »
A. B. : « L’idée n’était pas de trouver l’équilibre entre tous ces éléments ou d’avoir un genre affirmé mais de leur permettre de cohabiter. C’est une chose qui me semble possible à partir du moment où l’on installe ce parti pris assez rapidement au début du film, où l’on donne cette clé au spectateur. Après il accepte de passer plus facilement d’un ton à l’autre. Dans les histoires de répétition, de génération en génération, la base est souvent extrêmement dramatique et j’avais cette envie mais, comme dans mes autres films, j’ai toujours un peu fait chanter, voire danser des gens de manière embryonnaire, je me suis dit pourquoi ne pas y aller franchement ? »
- : « Dans Ma vie en rose, sa grand-mère disait au jeune Ludovic Ferme les yeux et le monde devient celui que tu veux, est-ce une phrase que l’on pourrait également appliquer à ce film et au choix effectué par le personnage de François ? »
A. B. : « Tout à fait, et j’ai pris conscience que c’est un vrai leitmotiv dans ma propre dynamique et dans les raisons pour lesquelles je fais des films. Dans Ma vie en rose, sa grand-mère dit ça à Ludovic pour essayer de le préserver de tous les ennuis qui vont lui tomber dessus s’il décide d’aller au bout de ses envies. Et François dans J’aurais voulu être un danseur va, lui aussi, se créer pas mal de problèmes s’il va au bout de ses désirs. Mais quand les rêves se transforment en réalité, tout devient alors très gai, je suis donc très partagé sur l’attitude à adopter. »
- : « Singin’in the rain bouleverse la vie de François, il était important pour vous d’utiliser cette référence et existe t-il un film qui ait eu ce même effet dans votre vie ? »
A. B. : « Il y a La Balade sauvage, de Terrence Malick. Je l’ai découvert dans une petite salle à Bruxelles où j’ai dû le revoir sept fois. J’ai un peu de mal à qualifier la nature du choc que m’a procuré ce film, mais c’est vraiment à ce moment-là que j’ai eu envie de faire ce métier. Ce qui m’a beaucoup plu, c’est le côté extrêmement réel, dur, violent de l’histoire mais aussi son aspect totalement surréaliste et le rythme du récit qui font qu’il ne s’ancre pas tout à fait dans un genre de western traditionnel. C’est un film de personnages qui tient presque du conte ou de la fable. Je retrouve ça un peu chez Shakespeare au théâtre : être plongé au coeur de la réalité tout en s’en extirpant et en prenant une distance. Quant à Singin’ in the rain, c’était important d’avoir cette référence car c’est un film mythique de l’histoire du cinéma qui représente la quintessence de la comédie musicale et des claquettes, ça faisait vraiment sens avec l’histoire de ce film. »
- : « Avez-vous eu des difficultés particulières pour monter ce projet atypique qui mélange les genres ? »
A. B. : « Le film est une coproduction luxembourgeoise, belge, française et anglaise. Le nombre de pays coproducteurs montre à quel point ça a été compliqué à monter. Le mélange des genres, mais aussi cette histoire d’un type qui veut devenir danseur, avec tout un aspect psychologique et psycho généalogique, rendaient le film compliqué à lire pour les décideurs. Ils ne voyaient pas vraiment dans quelle case le ranger. »
- : « Même si on en parle beaucoup aujourd’hui, on imagine que le thème de la résilience n’est pas le plus facile à imposer... Est-ce un sujet qui vous passionne depuis longtemps ? »
A. B. : « Oui, c’est très à la mode aujourd’hui mais je m’y intéresse depuis pas mal de temps déjà. J’ai lu, il y a quelques années, un livre formidable de Boris Cyrulnik qui s’appelle Sous le signe du lien et qui évoque l’importance de l’attachement pour se développer. Puis Un merveilleux malheur dans lequel il parlait déjà de résilience et de la manière dont on peut effectivement s’en sortir, même si on est mal parti, comme François dans le film. Il explique qu’on peut redresser la barre et retrouver une stabilité pour continuer son existence. C’est un message que j’aime beaucoup et c’est une faculté qui me fascine chez l’être humain. »
- : « Et la répétition à travers les générations… »
A. B. : « J’ai lu des livres consacrés au sujet, notamment ceux d’Anne Ancellin Schützenberger Aïe, mes aïeux et Ces enfants malades de leurs parents. J’ai été très étonné des exemples qui pouvaient être donnés, comme l’histoire de Baudelaire, ou d’un homme qui développe un cancer de la gorge mais ne sait pas que son père s’est pendu à l’âge où il découvre ce cancer. ça m’impressionne énormément, cette sorte de mémoire inconsciente. On dit toujours qu’on ne devrait vivre qu’au présent mais ce n’est pas vraiment possible car il y a plein de moments dans l’existence où le passé intervient, même de façon totalement inconsciente. C’est fascinant de voir à quel point parfois on a l’impression de faire un choix clair, conscient et personnel à 100% alors qu’en fait, il est complètement guidé par une chose que notre père ou notre grand-père a faite des années auparavant et dont on n’a aucune connaissance. On sent bien à quel point notre passé fait de nous des adultes mais nous empêche aussi de devenir totalement libres. Mais tout ça dépend de la constitution de chacun. Prenons le père de François, joué par Jean-Pierre Cassel dans le film. Il décide d’abandonner sa famille pour danser. Il ignore que son père a fait de même. François est dans la même situation : il abandonne son fils sans savoir que son père a fait la même chose avec lui. Leur différence n’apparaît qu’au moment où ils apprennent la vérité. Au lieu de fuir à nouveau comme Guy, François décide d’affronter ce sort. C’est là l’espoir. Le conditionnement peut être le même pour plusieurs personnes, la réponse que chacun y apporte est, elle, différente selon sa personnalité. »
- : « Le montage du film est très important. On a le sentiment qu’il possède sa propre écriture… »
A. B. : « Absolument. Pour moi, il y a trois écritures dans le film. Celle du scénario, celle du tournage et puis la véritable écriture qui est celle du montage. Sur le scénario, tout est permis, vous pouvez rêver. Ensuite sur le tournage, tout est découpé, vous tournez dans le désordre et très franchement, au milieu du tournage il y a toujours un moment où je ne sais plus très bien où j’en suis. Au montage, je dois aller dans le sens de la matière et je réorganise le récit en fonction des éléments dont je dispose, même s’il me faut, bien sûr, suffisamment d’options pour le faire. S’il y a des choses qui ne sont pas totalement telles que je les avais désirées mais qu’elles sont fortes et possèdent leur propre logique, je m’y plie. J’applique un peu une logique de documentaire. »
- : « Quelles sont les scènes les plus difficiles à mettre en scène ? Celle de comédie musicale ou les moments plus intimes de jeu ? »
A. B. : « Une chorégraphie, c’est très précis, validée et répétée à l’avance, on a une toute petite latitude. Techniquement, toutes ces scènes de comédie musicale sont compliquées à tourner mais les chefs machinos ont un bon sens du rythme, ils savent précisément à quel moment partir et arriver, d’un endroit à un autre. En revanche, lorsque la tension doit se nouer entre les personnages c’est plus compliqué, surtout qu’ici j’ai fait le choix de dire que la violence n’a pas besoin de cris et de mots extrêmement durs pour s’exprimer. Parfois, une petite phrase ou un simple regard sont beaucoup plus terribles, plus destructeurs. Quand on donne des coups, c’est la preuve qu’on prend encore la peine de se toucher et que l’autre compte toujours un peu, d’une certaine façon. Quand on ne dit rien ou qu’on s’en va avec un simple mot, c’est terrible. Moi j’appelle ça le pic à glace ! C’est glacé et sans appel. »
- : « Comment avez-vous travaillé avec Jean-Pierre Cassel et Vincent Elbaz sur les scènes de danse ? »
A. B. : « Ce sont des numéros qu’ils ont répétés ensemble. Mais Vincent avait beaucoup travaillé seul avec la chorégraphe, en amont du tournage. Dans la scène de l’audition quand il est Chez Pépé, le pas que Jean-Pierre lui fait danser, il lui a suggéré quelques heures seulement avant de tourner. C’est très rare de pouvoir faire ça, Vincent a été vraiment surprenant. »
- : « Vous êtes donc attentif aux suggestions de vos acteurs ? »
A. B. : « Oui, bien sûr ! Je suis comme une éponge, je prends toutes les idées qui me semblent aller dans le sens du film. Si un acteur s’empare du personnage, même si ce n’est pas tout à fait ce que j’avais prévu, je sais qu’il est en train d’en trouver la logique. C’est lui qui l’incarne et à partir du moment où je l’ai choisi il faut que j’aille dans ce sens-là, sauf s’il va totalement à l’encontre des intentions du personnage. J’essaie aussi de ne pas être trop psychologisant. Chacun peut jouer avec ses fêlures et ses blessures à partir du moment où il n’est pas obligé de les révéler à tout le monde. »
- : « Parlez-nous de votre collaboration avec Marc Collin pour la musique du film ? »
A. B. : « Ce travail sur la musique est intervenu très en amont car il fallait notamment choisir les titres pour les numéros dansés. Je ne voulais pas revisiter des standards, type Cole Porter, et donner un côté vieillot et désuet au film. Les claquettes, c’est quelque chose qui peut être très moderne. Aujourd’hui il y a des gens qui font des claquettes sur du hip-hop et avec des baggy et c’est magnifique. Avec Marc, on a cherché parmi les titres de la fin des années 80 et du début des années 90, qui correspondent à la période de découverte de la musique par François. C’est en écoutant le premier album de Nouvelle Vague (ndlr ; le groupe de Marc Collin) qu’il m’a paru évident de faire le choix de réarranger des morceaux que nous connaissons. C’est difficile dans une comédie musicale d’écrire 10 standards. C’est formidable de prendre une ritournelle pop, électronique comme Just can’t get enough et de se dire que ce n’est pas juste un gimmick, il y a une vraie chanson derrière. La difficulté supplémentaire est que Marc devait laisser de la place pour des passages claqués. Il a donc travaillé avec la chorégraphe qui lui a indiqué les endroits où elle en avait besoin. Bien sûr, il y a des morceaux que l’on n’a pas pu avoir faute d’autorisation ou dont le prix demandé n’était pas du tout en rapport avec le budget dont nous disposions, mais je suis ravi des titres retenus et des versions que Marc en a fait : Souris puisque c’est grave d’Alain Chamfort par exemple est une chanson que j’adore. »
***
Fiche technique
Réalisation et scénario : Alain Berliner
Collaboration à l’écriture : Sonia Bekhor
Directeur de la photo : Tony Pierce Roberts Bsc
Décors : Pierre-Francois Limbosch
Chorégraphies : Mette Berggreen
Son : Pierre Mertens
Montage image : Marie-Hélène Dozo
Montage son : Julie Brenta
Mixage : Dean Humphreys
Costumes : Catherine Marchand
Maquillage : Garance Van Rossum
1er assistant réalisateur : Thomas Decock
Scripte : Elisabeth Alexandris
Directeur de production : Vincent Canart
Régie générale : Marianne Lambert
Musique originale : Terry Davies
Musique chorégraphies : Marc Collin
Musiques additionnelles : Pierre Roger, Christophe Vervoort, Jeannot Sannavia et Fred Vercheval
Producteur exécutif France : Serge Zeitoun
Une coproduction européenne : Belgique – France – Luxembourg – Royaume Uni
Une production déléguée : Artemis Productions et Liaison Cinématographique
En coproduction avec : Samsa Film, Wfe, Media Services et Ipso Facto Films
En coproduction avec : R.T.B.F
Avec la participation de : Canal + et Tps
Distribution : Eurozoom
Dossier de presse conçu par : Michèle Abitbol-Lasry, Séverine Lajarrige et Jean-Luc Brunet
***
présentation réalisée avec l’aimable autorisation de
remerciements à Yohann Jacob
logos, textes & photos © www.eurozoom.fr
remerciements à Yohann Jacob
logos, textes & photos © www.eurozoom.fr