• 3 amis

Publié le par 67-cine.gi-2007













3 amis comédie de Michel Boujenah







avec :
Philippe Noiret, Mathilde Seigner, Pascal Elbé, Kad Merad, Yves Rénier, Daniel Duval, Anelise Hesme, Constance Dolé, Carole Richert, Marie Bunel, Joby Valente, Richard Laune, Jérémy Bardeau, Pascal Motier, Selim Saber, Malory Casas Paramon, Jérôme Jalabert, Philippe Spiteri, Stéphane Duron, Patrice Abbou, Piere Chevalier, Jean-Yves Chilot, Jean-Piere Rouane, Giles Guérin et Marie-Laetitia Kolmayer


durée : 1h33
sortie le 22 août 2007

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Synopsis
Qu’est-ce qu’un ami ?
Est-ce que j’en ai un ? Est-ce que j’en suis un (ou une) ?
C’est quoi cette relation étrange qu’on appelle l’amitié ?
Qui sont ces gens qu’on aime d’amour et avec qui on ne le fait pas ?
Qui sont ces gens avec qui ce n’est jamais fini parce que ça n’a jamais commencé ?
Comment je peux faire du bien à mes amis ?
Est-ce que j’ai le droit d’intervenir dans leur vie sous couvert d’amitié ?
Et jusqu’à quel point ?
Et au fond, quel est ce sentiment étrange qui m’habite quand un ami a besoin de moi ?
Un bonheur ou un besoin ?


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Interview de Michel Boujenah
- : « Comment est née l’histoire de Trois amis ? »

Michel Boujenah : « Elle est née d’une volonté farouche de parler de l’amitié. On m’a souvent dit que le sujet était banal, que tout parle d’amitié…Mais c’est vraiment un thème que je souhaitais aborder depuis longtemps. »

- : « Pourquoi l’amitié ? »

M. B. : « Un ami, ce n’est pas un être humain avec qui on construit une relation juste comme ça. On dit qu’un ami est un ami quand on le sait vraiment. Alors qui sont ces gens ? Je crois qu’on ne choisit pas ses amis consciemment. C’est un mélange de choix et de choses qu’on ne maîtrise pas. Dans le mot amitié, il y a le mot amour. Et une histoire d’amitié, c’est une histoire d’amour sauf qu’on ne le fait pas. Mais cela reste une histoire d’amour avec la jalousie, la possessivité… Et puis, j’ai vu autour de moi des couples divorcés, des gens angoissés par le travail et la maladie, d’autres qui n’avaient plus de combats collectifs ou qui étaient déplacés géographiquement à cause du marché du travail et tous n’avaient qu’une seule chose qui les ramenait à la réalité : leurs amis. L’amitié, c’est un peu comme un radeau de la Méduse. »

- : « Vous avez écrit le scénario avec Pascal Elbé. Ce trio d’amis correspond-il à des relations personnelles ? »

M. B. : « Au niveau de leur personnalité et de l’histoire que cela raconte, ce n’est pas autobiographique. Ces personnages ont de vraies blessures. Par exemple, l’impuissance masculine est un sujet très grave pour les hommes dont on ne parle jamais. Faire rire avec ce sujet sans se moquer, c’est très difficile... Pour moi, qu’est-ce que cela veut dire d’inventer une femme qui n’a pas de famille alors que je suis quelqu’un pour qui la famille joue un rôle important ? Quand on invente nos personnages, on invente souvent nos cauchemars, ce que l’on a peur d’être, ce qu’on a peur qu’il nous arrive. Et en même temps, on invente ce qu’on aimerait qu’il nous arrive. Est-ce que mes amis aussi peu nombreux soient-ils sont capables de faire ce qui se passe dans ce film ? Et est-ce que je suis capable de faire ça pour eux ? L’histoire s’est construite avec beaucoup d’amusement et de disputes entre Pascal et moi sur la manière de faire et de bouger nos marionnettes. Mais ce qui nous guidait, c’était que le public sorte du film en se disant : Est-ce que j’ai un ami ? Est-ce que j’en suis un ? Je ne voulais pas que ce soit anecdotique. »

- : « Pourquoi était-ce important qu’il y ait une femme dans cette histoire d’amitié ? »

M. B. : « Cela identifie encore plus l’amitié. S’il n’y avait que des garçons, le film n’aurait pas la même tonalité. En général, nous les hommes avec les femmes, on est amis bien après…quand c’est possible ! Dans Père et fils, il y avait deux femmes mais elles étaient un peu imaginaires. Là, Claire est bien réelle. Et travailler avec une actrice comme Mathilde, cela renforçait la réalité physique de ce personnage. J’aime les femmes, j’ai envie de parler d’elles, qu’elles soient là… Elles font partie de notre vie à tous et pas seulement nos mères. »


- : « Qui sont ces trois personnages ? »

M. B. : « Ce sont trois orphelins. Baptiste a perdu ses parents jeunes, Claire est née sous x et César n’a pas été aimé par sa famille. Baptiste est issu d’un milieu ouvrier. Je tiens beaucoup à la condition sociale des personnages afin qu’ils soient rattachés au monde dans lequel on vit. Même si Baptiste réussit, c’est une réussite ouvrière. Et cet homme n’a pensé qu’à réussir quelque chose en filiation avec son père, comme s’il voulait encore faire vivre ses parents. Quand on est orphelin et fils unique, les seules personnes au monde avec qui on peut avoir une relation sont les amis. Et les seules personnes au monde qu’on a envie de quitter quand on grandit pour fonder soi-même sa propre famille sont aussi les amis. Pour Baptiste, l’orphelinat est tellement fort qu’il n’y arrive pas. Claire s’en est bien sortie socialement sauf que sa vie sentimentale est une catastrophe. Elle a peur de l’abandon et se dire qu’elle va reconstruire une famille est une chose très difficile. Même si elle aime beaucoup sa mère adoptive et que cette femme l’aime beaucoup, on sent bien que c’est un refuge. Quant à César, le sentiment qu’il a de ne pas être aimé a généré chez lui une espèce d’inadaptation au monde. Pour lui, encore plus que pour les deux autres, ses amis sont sa seule raison d’exister. »

- : « Il y a un côté Trois Mousquetaires dans cette histoire d’amitié… »

M. B. : « Bien sûr, Baptiste a trouvé une identité dans sa réussite mais on ne peut pas vraiment la trouver si tout le reste ne va pas et si l’on est impuissant. Car au-delà de l’impuissance physique, c’est aussi l’impuissance d’aimer. Claire a beau avoir un travail, elle s’en moque. Le vrai fond de sa blessure est une chose qu’elle n’arrive pas à formuler. Il faut que ce soit son ami d’enfance qui lui dise fais-le. Mais, je ne voulais pas que ce soit grandiloquent. J’ai toujours essayé de le faire avec beaucoup de discrétion. J’ai essayé d’inventer des personnages qui étaient à la limite du possible. Et je me fous de savoir si, dans la vie, ces personnages existent. Ce qui m’importe, c’est comment ces personnages nous renvoient à nos émotions. »

- : « Ce qui est aussi important, c’est qu’ils sont liés depuis l’enfance. »

M. B. : « Ils ne se quitteront jamais et sont unis pour le meilleur et pour le pire. Moi-même, j’ai des amis que je ne vois pas pendant des années mais ils sont toujours là et font partie de ma vie. On se rend compte de l’importance du sujet du film lorsqu’on imagine ce que serait la vie si l’on avait pas d’amis. »

- : « Le film a parfois un ton un peu grave. En l’écrivant, vous ne vous êtes pas dit que vous alliez faire une comédie sur l’amitié… »

M. B. : « Ah non ! Mais c’est ma manière de raconter des histoires. J’aime le mélange des émotions. Dans Trois amis, on rit mais ce ne sont pas les acteurs qui font rire, ce sont les situations et les personnages. Quelqu’un m’a dit que c’était à la fois burlesque et sérieux. Mais la vie est comme cela ! C’est comme avoir un fou rire à un enterrement. D’ailleurs, je crois que c’est ce qui résume le plus la vie. On mélange les deux émotions les plus fondamentales chez l’être humain. Ce qui est drôle est triste et ce qui est triste est drôle. En méditerranée, on rit de ce qui est triste et souvent on pleure de ce qui est drôle. C’est notre pudeur et j’adore cela. »


- : « Comment avez-vous choisi Kad Merad ? »

M. B. : « Pascal a passé une soirée avec lui au festival de l’Alpe d’Huez et m’a appelé pour me dire qu’il ferait un formidable Baptiste. Je lui ai demandé de faire des essais et je l’ai dirigé à la façon de Claude Lelouch, en improvisant. D’abord, je me suis rendu compte que Pascal et lui fonctionnaient bien ensemble et, ensuite, j’ai vu la tessiture de Kad. La façon qu’il avait de faire les choses graves, c’était magnifique. Il s’est identifié à Baptiste et a vu ce qu’il pouvait faire de ce personnage. Pendant les répétitions, je suis allé voir le film de Philippe Lioret et j’ai eu la confirmation encore plus forte de ce que j’avais perçu lors des essais. En plus, c’est un musicien de formation donc il connaît le rythme et sait jouer une partition. Il écoute comme un musicien et c’est un vrai bonheur. Elle avait beaucoup aimé Père et fils et avait confié à Pascal qu’elle aimerait bien travailler avec moi. Mais j’avoue que j’avais un peu peur parce que Mathilde, c’est un animal ! On a déjeuné ensemble et j’ai vu une femme à la fois timide et d’une grande fragilité. J’ai tout de suite su qu’elle pourrait interpréter Claire et je ne me suis pas trompé. C’est ce personnage qui apporte au film une gravité, une profondeur et qui fait que les deux autres eux aussi deviennent graves. Après, travailler avec Mathilde, c’est particulier ! Ce fut fou, passionnant, impossible, improbable et pourtant le résultat est là. C’est vraiment une très grande actrice, un vrai pur-sang. Quand on travaille avec elle, c’est difficile de ne pas l’aimer. »

- : « Avec Pascal Elbé, vous étiez déjà en climat de confiance. Le personnage de César a-t-il été écrit pour lui ? »

M. B. : « Oui, bien sûr. Ce personnage, c’est un peu celui de Père et fils mais plus grand et sans sa famille. Pascal est étonnant et réussit toujours à me surprendre. Il a de la classe, une élégance physique dans sa manière de bouger et il est complètement barré. Il est impossible à diriger ! Comme il a beaucoup d’humour et qu’il me fait beaucoup rire, c’est un enfer ! Le nombre de fois où je lui disais d’arrêter… Mais il est d’une exigence et d’une volonté de faire mieux tout le temps…Il veut sans cesse inventer et a cette gravité qui me touche profondément. Pascal est imprévisible et peut changer le texte pendant la prise. Et il sait qu’avec moi, il peut y aller. »

- : « Il y a bien sûr l’apparition très émouvante de Philippe Noiret. C’était son tout dernier film… »

M. B. : « Avec Philippe, c’était un cadeau qu’on se faisait mutuellement. Pascal et moi lui avions promis de lui écrire un rôle. On le tenait au courant régulièrement et, quand on est tombé sur ce directeur de garage, on était très contents. J’étais très heureux qu’il puisse le faire même si quand il apparaît à l’écran la première fois, je sais qu’on est choqué. Mais très vite, on l’oublie et il fait rire. Il était tellement content de jouer la comédie, même fatigué… Et c’est tellement bon d’imaginer que dans son dernier film, il fasse rire avec cette élégance et cette finesse… »

- : « Il y a aussi Yves Rénier que l’on voit peu dans ce genre d’emploi… »

M. B. : « Je l’avais vu dans Je règle le pas sur le pas de mon père, Jean-Philippe ou encore dans Mortel transfert et j’ai toujours pensé que c’était un très bon acteur. C’est Mathilde qui est très amie avec lui qui m’a conseillé de le rencontrer. Evidemment, j’ai senti qu’il avait très peur mais au moment où il a enfilé son costume, je n’ai pas eu l’ombre d’un problème avec lui. Il est magnifique et je trouve dommage qu’on ne lui donne pas plus de chose à faire. »

- : « En terme de réalisation, étiez-vous plus à l’aise que sur Père et fils ? »

M. B. : « J’étais dix fois plus angoissé ! Si vous gagnez un match, le match qui suit vous avez très peur de le perdre. Si vous n’avez jamais gagné, vous n’avez rien à perdre. Mais dans Père et fils, j’avais une chance énorme, c’était Philippe Noiret. Lorsque je faisais un peu trop le con, il me disait : ça suffit et on tournait. Là, je tournais ma tête à droite, à gauche, il n’était pas là. Il me manquait. C’était un régulateur formidable. Sur Trois amis, quelqu’un m’a dit : sur ce film, c’est toi Philippe Noiret, c’est toi le régulateur. Et puis j’avais trois acteurs qui étaient incontrôlables ! Je lâchais les fauves et je n’avais ni cage, ni fouet ! Et je voulais essayer de faire des progrès, de continuer à apprendre. Je tenais à garder cette humilité devant l’histoire. »


- : « La pression est aujourd’hui beaucoup plus forte ? »

M. B. : « Beaucoup plus ! J’ai peur parce que l’enjeu est énorme pour moi. J’ai trouvé un outil extraordinaire qui me correspond où l’on ne me voit pas à l’image. C’est magnifique de faire du cinéma et je n’ai pas envie que l’on me dise d’arrêter... J’ai encore plein d’histoires à raconter. Et il y a plein d’acteurs avec qui j’ai envie de travailler. C’est une pression énorme… »

- : « Enfin, pourquoi ce choix du Mystère des voix bulgares ? »

M. B. : « On était en Corse avec Pascal et, dans un restaurant, il y avait les chants polyphoniques corses. J’ai trouvé ça magnifique et cela m’a fait pensé à ces chants bulgares que j’adorais. Au début, quand César écoute ces chants, Baptiste a envie de le tuer ! Et, à la fin, on n’a pas envie que ça s’arrête. La polyphonie, les voix qui se mélangent, c’est leur vie. C’est une émotion magique. Et l’autre musique composée par Olivier Schultheis rappelle volontairement la musique de fanfare parce que j’ai toujours aimé ça. »

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Fiche technique
Réalisateur : Michel Boujenah
Scénario, adaptation et dialogues : Michel Boujenah et Pascal Elbé
Image : Philippe Pavans de Ceccatty
Montage : Jennifer Augé
Son : Dominique Levert, Vincent Guillon et François-Joseph Hors
Musique originale : Olivier Schultheis
Assistant réalisateur : Stéphane Moreno-Carpio
Décors : Frédéric Bénard
Costumes : Mimi Lempicka
Scripte : Françoise Thouvenot
Régie : Olivier Martin
Casting : Françoise Menidrey
Directeur de production : Philippe Besnie
Produit par : Ariel Zeïtoun

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de



remerciements
à Matthieu Daversin, Laure Royant et Romain Vaxelaire
logos, textes et photos © 2007 gaumont - www.gaumont.fr

Publié dans PRÉSENTATIONS

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