• Itchkéri Kenti, les fils de l’Itchkérie

Publié le par 67-cine.gi-2007













Itchkéri Kenti, les fils de l’Itchkérie documentaire de Florent Marcie








durée : 2h25
sortie le 7 février 2007




au cinéma


à partir du mercredi 9 mai 2007

ven lun mar 20h

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Synopsis
Tourné clandestinement en Tchétchénie pendant la première guerre, monté dix ans plus tard pour témoigner d’une histoire oubliée, Itchkéri Kenti est, aux yeux des Tchétchènes, un film symbole.
Limiter sa portée à la Tchétchénie serait pourtant réducteur. En France, en Europe, en Algérie, l’intensité des réactions parle d’elle-même : chacun se découvre un peu Tchétchène après avoir vu ce film.
Itchkéri Kenti est un film sur l’humain dans la guerre et la résistance. Un film qui interroge notre mémoire.


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Itchkérie, tel est le nom de la Tchétchénie avant la colonisation du Caucase par les Tsars, à la fin du XVIIIe siècle.
C’est aussi, de nos jours, l’appellation de la Tchétchénie par les indépendantistes.
Kent, en langue tchétchène, désigne le jeune homme valeureux, prêt de tout temps à se sacrifier pour la liberté de son pays.
Itchkéri Kenti : Les Fils de l’Itchkérie.

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Le film
Itchkéri Kenti fait le récit d’un bref moment de l’histoire tchétchène. Ce moment se situe pendant l’hiver 96, peu après l’opération de Pervomaskaïa et jusqu’à la prise du village de Novo Grozny par l’armée russe, à la fin du mois de février. Entre ces deux événements, Grozny en ruine, occupée par l’armée russe, fut le théâtre des plus grandes manifestations indépendantistes organisées durant cette guerre.
Tous les observateurs ont été frappés par l’extraordinaire violence de la première guerre de Tchétchénie - Grozny capitale de 400 000 habitants rasée par l’aviation en un mois-, et peut-être plus encore par l’intensité de la résistance. Comment le petit peuple Tchétchène, réparti sur un territoire grand comme à peine deux départements français, pouvait-il tenir tête à la Russie, plus vaste pays du monde ? Et l’observateur, en s’approchant, était saisi d’une autre stupéfaction : la guerre de Tchétchénie ne datait pas de décembre 1994, mais de la fin du XVIIIe siècle, lors de la colonisation du Caucase par les Tsars…


En septembre 2004, c’est à la suite de la prise d’otages dans l’école de Beslan que Florent Marcie décide de travailler sur ses images d’archives. La violence de l’opération, la confusion qui l’entoure, mais aussi l’évolution planétaire inquiétante de la dernière décennie le persuadent d’un retour dans l’histoire.
Mais il y a encore autre chose : les chiffres de la guerre. Avec, selon les estimations, de 160 000 à 300 000 morts sur une population d’un million d’habitants (sans compter les blessés qui représentent au moins le double des morts), quelle possibilité reste-t-il pour la mémoire tchétchène ? La guerre n’a pas seulement détruit des vies et des villages, elle a fait disparaître témoins et souvenirs. Aujourd’hui, près de 200 000 Tchétchènes vivent en exil, coupés de leurs racines.
« Qui contrôle le présent contrôle le passé, qui contrôle le passé contrôle l’avenir », écrivait Orwell. Face à un pouvoir russe orwellien qui tente jour après jour de réduire la guerre de Tchétchénie à une vulgaire opération antiterroriste contre une poignée de bandits, et qui voudrait faire d’une guerre sans image une guerre sans archive, les images de Florent Marcie datant de l’hiver 96 prennent une toute autre valeur. Le travail de mémoire, indispensable, vient apporter sa contribution aux témoignages des rares journalistes et organisations humanitaires qui se risquent encore en Tchétchénie.
Un tel document ne pourrait être filmé aujourd’hui, aussi bien en raison du danger et de la méfiance accrue d’une population traumatisée, que parce que la société tchétchène de 1996 n’est plus. En sus d’une violence redoublée, la deuxième guerre de Tchétchénie débutée en septembre 1999, s’est distinguée par une volonté impitoyable de casser la structure sociale, pour effondrer du même coup le socle de la résistance. C’est un monde disparu que montre le film.
Poussé par une interrogation -qui sont les Tchétchènes ?-, le jeune réalisateur français, qui ne parle pas un mot de russe, sillonne le pays en plein hiver, à la rencontre d’un peuple en résistance. Muni de deux appareils photographiques, d’une caméra amateur ainsi que d’une toile blanche qu’il fait peindre au fil de son voyage par ses hôtes, il croise sur sa route des combattants indépendantistes, des villageois, un médecin humanitaire, Aslan Maskhadov, Shamyl Bassaïev, et tous ces anonymes, hommes et femmes convaincus, alors, de leur droit à la liberté. Chemins enneigés, villages accueillants, meetings populaires : Védéno, Grozny, Orekhovo, Novo Grozny… L’intuitivité des images permet de revivre le récit pas à pas, comme s’il se déroulait au présent.
Mais le film invite aussi à un voyage plus profond dans l’histoire et la mémoire, à la découverte d’un petit peuple irréductible, célébré par les plus grands écrivains. Pour nombre d’observateurs, au premier rang desquels Léon Tolstoï, le théâtre caucasien est un révélateur de la société russe et de l’âme humaine.


Réaliser un film sur la guerre de Tchétchénie à partir d’images datées d’une décennie soulève ainsi une diversité de questions toujours aussi vives, débordant très largement les frontières du Caucase. Le travail de mémoire chevauche une situation plus que jamais d’actualité, comme en témoignent les derniers évènements tragiques survenus du côté de la Russie.
En 2006, la guerre en Tchétchénie, qualifiée par certains spécialistes de génocide ou de crime contre l’humanité, se poursuit sous un autre visage. Si de nombreuses personnes filmées sont mortes, d’autres continuent la lutte ou se sont radicalisées, d’autres encore ont dû fuir leur pays.

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La Tchétchénie
La Tchétchénie : 17 500 km2, un million d’habitants avant la guerre.
1785-1791 : Premier soulèvement mené par le Cheikh Mansour contre la colonisation du Caucase par la Russie. 1859 : Reddition de l’Imam Shamyl.
23 février 1944 : Accusés collectivement par Staline de collaboration avec les Nazis, les Tchétchènes et les Ingouches sont déportés en Asie centrale. Un tiers de la population (environ 170 000 personnes) périt en déportation.
1991 : Élu président le 27 octobre, le général Djokhar Doudaïev déclare l’Indépendance de la République Tchétchène d'Itchkérie dès le 1er novembre. Moscou juge cette auto-proclamation illégale et impose l’état d’urgence le 8 novembre. Un mois plus tard, le 25 décembre, l’URSS disparaît officiellement... 11 décembre 1994 : Les troupes russes entrent en Tchétchénie. C’est la plus grande opération militaire organisée par Moscou depuis son intervention en Afghanistan en 1979.
1996 : Djokhar Doudaïev est tué par un bombardement russe le 22 avril.
Août 1996 : Reconquête de Grozny par les combattants tchétchènes. Le 31 août, Aslan Maskhadov, chef d’état-major des indépendantistes tchétchènes, et le général russe Lebed signent l’accord de paix de Khassaviourt.
1997 : Maskhadov est élu président le 27 janvier, sous contrôle de l’OSCE, avec 59,3% des voix. Un accord de paix est signé avec Moscou le 12 mai.
Septembre 1999 : Prétextant des attentats survenus à Moscou au mois d’août, l’armée russe pénètre en Tchétchénie. Début de la seconde guerre.
Septembre 2004 : Le 1er septembre, un commando tchétchène prend en otage une école à Beslan, en Ossétie du Nord. Les forces spéciales russes donnent l’assaut le 3 septembre provoquant la mort de plus de 300 personnes dont de nombreux enfants.
2005 : Le 8 mars, le président Aslan Maskhadov est tué à Tolstoï-Iourt. Sa tête était mise à prix à dix millions de dollars par Moscou. Les disparitions au sein de la population tchétchène continuent d’avoir lieu en masse, à tel point que, selon Human Rights Watch « cette pratique peut aujourd’hui être assimilée à un crime contre l’humanité ».
Juillet 2006 : Shamyl Bassaïev meurt dans une explosion.

Bilan des deux guerres (estimations d’organisations non gouvernementales) : entre 160 000 et 300 000 morts. Plusieurs milliers de disparus, viols, torture. Au moins 25 000 soldats russes tués, selon l’organisation russe des Mères de soldats. 200 000 personnes en exil, en France, Pologne, Allemagne, Angleterre… Avec 500 000 mines pour une superficie de 17 500 km2, la Tchétchénie est le pays le plus miné au monde. En 2002, 6 000 personnes auraient été tuées ou blessées.


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Fiche technique
Réalisateur : Florent Marcie
Monteur : Florent Marcie
Production : No man's land
Distribution :  MK2 Diffusion
Attachée de presse : Monica Donati

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de

remerciements à
Rahma Goumar, Anne Careil, Vincent Mercier,
Thierry Dubourg, Yamina Bouabdelli, Alexandre Tisne-Versailles et Monica Donati
logos, textes et photos © www.mk2images.com

Publié dans PRÉSENTATIONS

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