A casa nostra
A casa nostra drame de Francesca Comencini
avec :
Valeria Golino, Luca Zingaretti, Giuseppe Battiston, Laura Chiatti, Luca Argentero, Teco Celio, Fabio Ghidoni, Cristina Suciu, Valentina Lodovini, Bebo Storti, Paolo Bessegato, Teresa Giuditta Acerbis et Elena Bellini
durée : 1h25
sortie le 18 avril 2007
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Synopsis
Dans le Milan d’aujourd’hui, des personnages aux trajectoires très différentes se croisent et s’effleurent autour d’une même obsession : l’argent. Argent amassé, perdu, volé, gagné, exhibé, caché, rêvé…
Cet argent circule d’une histoire à l’autre, d’une personne à l’autre.
Ugo est un banquier affirmé, un homme intelligent, volontaire et mélancolique à la fois, qui vit de trafics illicites.
Rita est un capitaine de police, une femme forte et têtue qui enquête sur lui.
Autour d’eux une galerie de personnages : Elodie, jeune top modèle et maîtresse de Ugo, Gerry, un employé de supermarché marié qui perd la tête pour elle, et puis un couple de retraités, un ex-taulard, une infirmière, une prostituée aux mains de son proxénète roumain, des marginaux et des gens tout à fait ordinaires, chacun avec ses faiblesses et ses violences, avec toutes les contradictions des êtres humains…
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Conversation avec Francesca Comencini
- : « Le monde du travail, les relations professionnelles et humaines fortement marquées par l’appât du gain et l’argent : depuis Mobbing jusqu’à ce dernier A casa nostra, le travail est toujours au centre de votre attention. Est-ce une réflexion nécessaire, inévitable, dans la société italienne et dans les sociétés d’aujourd’hui en général ? »
Francesca Comencini : « A casa nostra est un film qui ne parle pas de manière directe du milieu du travail, comme le faisait mon précédent film, Mobbing. Il y a cependant des points communs entre les deux films et l’un est un peu le fruit de l’autre. La question de départ pour tous les deux est : quelle est la valeur de la vie dans un monde où le profit est l’unique moteur ? . Si dans Mobbing la vie de l’employée, Anne, était scientifiquement mise en morceaux afin que l’entreprise puisse avancer, dans ce film j’ai tenté de raconter la rencontre de nombreuses vies dans une grande ville italienne d’aujourd’hui où l’argent est devenu la chose la plus importante. Qu’est-ce qui reste de ces vies dans cette situation ? Il me semble que cette question est nécessaire et inévitable car aujourd’hui comme jamais dans l’histoire des hommes, la pure et simple recherche du gain, sans les contrepouvoirs qu’ont pu être la religion, la politique, l’ambition personnelle, l’aspiration à la connaissance et au savoir, n’a été autant le moteur des actions humaines. Je trouve que c’est une situation qui fait peur, il est important d’y faire face. Je ne souhaite, ni à nous ni à nos enfants, de se retrouver dans un monde pareil. »
- : « Les diverses histoires de ce film se tissent étroitement entre elles comme pour composer une narration circulaire dans laquelle les personnages principaux entrent et sortent. Il s’agit d’un choix linguistique qui avance par fragments, qui choisit la choralité et abolit les hiérarchies… »
F. C. : « Le choix narratif que nous avons déterminé avec mon scénariste, Franco Bernini, est en effet celui de raconter une histoire circulaire et fragmentaire à partir de la thémathique de l’argent. L’argent circule, unit et divise à la fois, mais il passe de manière impitoyable entre les personnes. Nous voulions que l’histoire du film ait cette même circularité. »
- : « La ville a dans ce film un rôle très important. Pourquoi avoir choisi Milan ? Vos personnages auraient-ils pu être romains ou turinois ? »
F. C. : « J’ai choisi Milan pour tourner ce film parce qu’en Italie, c’est dans cette ville que l’on trouve les centres financiers, les grandes banques et la Bourse. Et aussi parce que Milan est une ville protagoniste de notre pays, mais invisible, silencieuse, mystérieuse dans le fond. J’en suis totalement fascinée. Mais l’histoire que je raconte pourrait se dérouler à Paris, à Londres, à Berlin... dans n’importe quelle grande ville dans laquelle l’argent est si important et central. La photographie de Luca Bigazzi, est livide et froide en extérieurs, comme à son habitude, mais en intérieurs elle devient souvent chaude, chargée et luminescente. Il y a une volonté très précise, une manière de dessiner le milieu dans lequel bougent les personnages. L’approche de l’image par Bigazzi dans ce film répond à la double âme du film même : une ville froide, un système impitoyable, une constatation amère, et des individus pleins d’humanité, qui tentent de continuer à croire et à construire. »
- : « La sortie de votre film en Italie a été accompagnée par de nombreuses polémiques. On peut en déduire que certains sujets sont encore tabous et tout particulièrement l’argent ? »
F. C. : « Oui, la sortie du film a été accompagnée de polémiques, ce qui ne m’a pas étonnée. La réalisation même du film a été difficile dans le sens où il a été compliqué de trouver l’argent pour produire le film. Tout sujet sur la réalité est, en ce moment, considéré inopportun, en Italie, sous couvert du fait qu’il n’est pas commercial. Ce qui m’a étonnée est l’ampleur de la réaction. Le maire de Milan, sans avoir vu le film, et en revendiquant le fait de ne pas l’avoir vu, a fait une déclaration au journal de 20h en disant que Milan est une ville bien plus belle que telle qu’elle est montrée dans mon film. Certainement l’argent, la corruption sont des arguments encore tabous en Italie. Nous vivons dans un pays où un énorme conflit d’intérêt (celui qui concerne notre ex premier ministre, actuel chef de l’opposition, Silvio Berlusconi, propriétaire de plus de la moitié des moyens de communications du pays) n’a jamais pu être non seulement résolu, mais même pas nommé. Nous nous sommes habitués à vivre dans l’absence de transparence et ceci a fini par concerner tout le monde. En fait nous sommes tous devenus des images, plus ou moins conscientes, de cette absence. »
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Fiche technique
Mise en scène : Francesca Comencini
Scénario : Francesca Comencini et Gianni Barbacetto
Adaptation de : Francesca Comencini et Franco Bernini
Directeur de la photographie : Luca Bigazzi
Costumes : Aniela Ciancio
Décors : Paola Comencini
Maquillage : Maurizio Fazzini
Musique : Banda Osiris
Montage : Massimo Fiocchi
Son : Alberto Amato
Directeur de production : Massimo Di Rocco
Une production : Bianca Film E Rai Cinema
Produit par : Donatella Botti
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