Déprogrammation au cinéma Star du film "Ne touchez pas la hache" de Jacques Rivette

Ne touchez pas à la  hache - Les raisons d'une déprogrammation

Stéphane Libs (directeur du Cinéma Star à Strasbourg) : « On aura beau dire, on aura beau faire, le résultat est là : nous ne sortirons pas le film de Rivette Ne touchez pas à la hache en sortie nationale parce que son distributeur en a décidé autrement. Ce dernier n’a pourtant rien à reprocher à notre salle (bien au contraire), mais voilà, un moment il faut qu’il " cède " un film à Ugc et ce sera celui-là.

On aura beau évoquer la carrière du cinéaste entièrement découverte, développée et assumée (jusqu’à dans ses échecs) par nos salles ; parler d’économie du cinéma et que sur ce type de films les entrées se font bien sûr chez nous ; qu’Ugc n’a pas le droit de faire pression sur un distributeur en refusant de rentrer le film sur les salles parisiennes s’il n’a pas une exclusivité sur Strasbourg ; rien n’y fait. Nous voilà devant une grande première : un film strictement cinéphile passe uniquement en multiplexe.

Le conflit a pourtant été exposé durant deux bonnes heures en médiation, devant des personnes très attentives et comprenant la situation mais n’ayant pas le pouvoir suffisant pour trancher devant ce qui nous semble une aberration.

On a donc touché à la hache. Il ne s’agit pas là de se lamenter, la concurrence est bien sûr source de motivation mais dans ce cas précis, il ne nous reste plus que la salle impression de n’avoir pu lutter à armes égales sur un film rentrant naturellement dans nos salles. Que l’effet de groupe, de libéralisme – donc de mondialisation - a joué au cœur même d’un film d’artiste.

C’est donc un échec, énorme et douloureux, d’autant plus que le film était déjà programmé chez nous (avec une deuxième copie possible chez Ugc) et que le distributeur nous avait donné une date de venue d’équipe (mercredi 28 avril, jour du Printemps !) avant de changer d’avis.

La programmation de nos salles est une bataille quotidienne, exaltante et fatigante. Tant que vous continuerez à venir dans nos salles comme vous le faites actuellement, nous aurons les arguments nécessaires pour continuer à vous proposer une spécificité de programmation curieuse et non élitiste. Le rapport salle/spectateur est donc aujourd’hui inversé : c’est vous qui faîtes notre raison d’existence et non le contraire.

Ne touchez pas à la hache sortira le 18 avril sur nos écrans. D’ici là on arrête de se plaindre, on fait confiance à votre patience et on repart au combat parce qu’il fallait pas y toucher, à la hache. »