• Tout ira bien

Publié le par 67-cine.gi-2007













Tout ira bien (Netto) comédie dramatque de Robert Thalheim






avec :
Werner Milan Peschel, Sebastian Butz, Stephanie Charlotta Koetz, Christina Grosse, Bernd Lamprecht et Peter Tschernig

durée : 1h27
sortie le 16 mai 2007

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Synopsis
Marcel est un rêveur. La plupart des gens le considère comme un marginal et un looser. Le cours de sa vie se trouve bouleversé lorsque son fils de quinze ans, Sebastian qu’il n’a pas vu depuis des années, apparaît soudain sur le pas de sa porte. Sebastian refuse de quitter Berlin pour la banlieue où sa mère souhaite démarrer une nouvelle vie. A cause de son fils, Marcel se retrouve face à des responsabilités dures à assumer pour cet alcoolique qui n’est plus capable de s’insérer dans la vie professionnelle. Sebastian et Marcel développent malgré tout rapidement une complicité soumise à rude épreuve où le fils devient peu à peu le père de son père. A cela va s’ajouter l’arrivée de la jolie Nora…


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Entretien avec Robert Thalheim
Katja Hübner : « Tout ira bien, objet de travail dans le cadre d’un projet de long-métrage, est réalisé lors de la troisième et dernière année d’étude et apparaît déjà comme un vrai premier film… Comment cela est-il arrivé ? »

Robert Thalheim : « À Konrad Wolf (Académie du Film et de la Télévision de Potsdam), nous avons l’habitude de tourner en premier lieu des courts-métrages. C’est un ticket d’entrée pour pouvoir travailler plus tard en tant que réalisateur professionnel. Cependant nos professeurs nous disaient toujours : Si vous voulez devenir réalisateur, vous devez tourner, tourner et tourner.
Ensuite, ils nous ont dit qu’ils nous laisseraient deux semaines, deux personnes, du matériel et que nous pourrions avoir un studio pour tourner un projet de long-métrage. Et une chose en a entraîné une autre. Pour la plupart de ceux de notre équipe, c’était le dernier film de la 3e année.
»

A propos des acteurs et de leurs personnages
K. H. : « Comment avez-vous réussi à tourner avec Milan Peschel ? »

R. T. : « Milan Peschel est le meilleur acteur que je connaisse. Il possède une énergie et une intelligence incroyables. Il travaille spontanément avec le texte, comme s’il provenait directement de lui-même. C’était extrêmement important pour moi, car dans le film, le concept était de laisser une place importante à l’improvisation.
C’était très présomptueux de le solliciter, étant donné qu’il allait travailler sans être payé et qu’il n’y avait pas de scénario existant au moment du casting. J’ai été totalement surpris quand il a tout simplement accepté. Cependant il voulait absolument tenir le rôle d’un perdant.
»


K. H. : « Et vous avez réalisé son souhait. Milan Peschel joue Marcel Werner, un chômeur, rêvant d’être garde du corps. »

R. T. : « Oui, j’ai écrit le scénario pour lui en trois mois. Mais ce personnage de Marcel Werner traînait dans ma tête depuis déjà pas mal de temps. Il représente ces perdants de la quarantaine, fruits de l’ex-Rda, qui n’arrivent à pas à s’intégrer au monde occidental, et que vous pouvez trouver dans chaque Imbiss (snack-bar) du pays. Ces gens-là se retrouvent en marge de la société. Je connais plusieurs tristes histoires de ce genre. Je crois que pour la plupart d’entre eux, les Imbiss sont leur dernier salut. Les patrons de ces Imbiss sont en fait des psychothérapeutes de l’Après-Mur. Le fils de Marcel Werner, Sebastian, est né en 1989. Il n’a pas les mêmes problèmes que son père. En fait c’est quasiment l’inverse.
Au départ, le fils ne devait pas jouer un si grand rôle ; il n’était là que pour venir voir son père. Mais après, je me suis rendu compte qu’il y avait un potentiel important à exploiter pour le film sur la relation père-fils et que cela peut en dire beaucoup plus sur l’état de notre société. J’ai donc adapté le scénario. Je connaissais déjà Sebastian Butz car il a joué dans la pièce de théâtre
Wild boys que je mettais en scène au théâtre Maxim Gorki. Comme le fils de Marcel Werner, il a parfaitement conscience du monde qui l’entoure. Il connaît les règles du jeu. Mais bien sûr, il veut quand même un père qui sait où il en est et à qui il peut faire face sans honte. »

K. H. : « Toujours ce sérieux conflit. ! Pourtant, le film n’est pas marqué par ce sentiment de frustration, et en plus, il est drôle. »

R. T. : « Pour moi c’était également important. Bien évidemment nous sommes face à une réalité très dure, amère, où il n’y a quasiment pas de quoi rire. Mais je crois que cela révèle le point de vue d’un inactif. Marcel a plein d’idées et de rêves. Il lui a sans doute manqué un évènement insignifiant qui aurait rendu sa vie totalement différente.
Les retrouvailles avec son fils et même les conflits avec celui-ci lui permettent de révéler à nouveau son côté jovial. A la fin du film on aperçoit une lueur briller à nouveau en lui.
»

A propos du tournage
K. H. : « Comment se déroulait une journée de tournage type ? »

R. T. : « Nous avons développé très rapidement notre propre méthode de travail. Grâce à une petite équipe et la technologie de la caméra dv, nous avons eu le temps de nous concentrer pleinement sur le jeu des acteurs. J’ai fait tout mon possible pour éviter des situations comme : tu vas de là à là, puis tu tournes autour de la lumière et prononces ta phrase avec cet accent. Parfois nous jouions une scène tout entière sans aucune répétition.
La caméra était par elle-même l’observateur. J’ai rédigé précisément à l’avance les grandes lignes, comme par exemple les dialogues entre le père et le fils. Mais parfois pour certaines scènes, il y avait juste écrit dans le scénario :
Sebastian explique à son père Warhammer (jeu de rôle, ndlr). Quand la caméra ne filmait pas, je donnais des conseils ou des idées que Milan et Sebastian pouvaient utiliser et continuer à travailler. »


A propos des conditions de production
K. H. : « Ainsi, les restrictions liées à un budget aussi virtuel et le fait de n’avoir que 17 jours de tournage vous ont-ils aussi aidé ? »

R. T. : « Oui. Les restrictions nous ont forcé à faire avec les moyens du bord. Cela nous a donné des moments très particuliers, la scène du grenier par exemple. C’était une idée spontanée qui a fait de la scène ce qu’elle est à présent. Ainsi, le film tout entier tient autour de la même énergie. Nous avons travaillé dur, précisément pour donner cette impression de spontanéité préservée. Ensuite, au montage, il a fallu décider par où commencer avec les 50 heures de rushs : Faut-il abandonner des scènes, alors qu’elles contiennent des moments où le jeu des acteurs est bon? Un tram doit-il passer devant la scène ? Où doit-on jouer du violon en musique de fond ? Mon objectif pour le film a toujours été d’avoir ce côté direct, instantané, Afin que le spectateur puisse le ressentir. »

A propos de la musique
K. H. : « La musique de Peter Tschernig joue un grand rôle dans votre film. Etes-vous un fan de musique country ? »

R. T. : « J’aime les chansons de Johnny Cash, elles sont simples et vraies. J’ai cherché pour mon film ce genre de musique, mais en allemand. Je pensais que cet Imbisshocker (pilier de bar) avait besoin que l’on croie en lui. Le directeur de production, Matthias Miegel, était dj à Berlin Est, et m’a recommandé la musique de Peter Tschernig.
Quand j’ai écouté les enregistrements de Tschernig, la première chanson était Mein bester kumpel ist und bleibt mein vater (Mon meilleur pote est et reste mon père). Alors, évidemment, tout s’est éclairé !
Par la suite, c’était important pour moi d’utiliser les chansons comme un fil conducteur du film. Cette musique, c’est le monde dans lequel Marcel est né et auquel il est attaché.
»


***

Fiche technique
Réalisation : Robert Thalheim
Scénario : Robert Thalheim
Image : Yoliswa Gärtig
Son : Anton Feist
Musique originale : Peter Tschernig
Montage : Stefan Kobe
Décors et costumes : Katrin Müller et Michal Galinski
Directeur de production : Matthias Miegel
Producteur exécutif : Holger Lochau

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de


remerciements à
Alexandra Faussier et Florence Alexandre
logos, textes & photos © Noblesse Oblige Distribution & www.alsace-cinemas.org

Publié dans PRÉSENTATIONS

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