• J'veux pas que tu t'en ailles

Publié le par 67-cine.gi-2007













J'veux pas que tu t'en ailles comédie de Bernard Jeanjean







avec :
Richard Berry, Judith Godrèche, Julien Boisselier, Martine Fontaine, Eric Laugerias, Céline Samie, Morgan Rouchy, Dany Benedito, Karin Bernfeld, Philippe Beauchamp et Bernard Jeanjean


durée : 1h35
sortie le 25 avril 2007

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Synopsis
Paul est un brillant psychanalyste.
Marié à Carla, il ne semble pas voir que son couple bat de l’aile.
Raphaël, l’un de ses patients, lui confie qu’il est tombé amoureux d’une femme mariée. Au cours de la séance, Paul s’aperçoit qu’il s’agit en fait de sa femme. Plutôt que de mettre fin aux séances, il va manipuler son patient dans l’espoir de la reconquérir.
Mais Raphaël ne sera pas dupe bien longtemps.


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Entretien avec Bernard Jeanjean
- : « Comment vous est venue l’idée de départ de ce deuxième long métrage ? »

Bernard Jeanjean : « Bizarrement, l’idée m’est venue d’un épisode de Friends. Il y avait un épisode où les héros cachaient, chacun leur tour, quelque chose à leurs amis, sauf que l’ami s’apercevait qu’il savait et donc chacun à son tour, chacun savait que chacun savait que chacun savait. Je me suis dit que j’aimerais bien écrire une histoire comme celle-là. C’était vraiment le tout premier point de départ. Ensuite, l’idée du film s’est concrétisée. Dans J’me sens pas belle, je voulais raconter une histoire de couple, la rencontre avec le désir et la peur que cela engendre. Dans mon deuxième long, je voulais de nouveau parler du couple mais une fois qu’il est installé, quand on a trouvé l’amour et que l’on a parfois peur de le perdre. Voilà, le fond de l’histoire. Pour la forme, je savais que je voulais encore faire une comédie romantique. Petit à petit, l’histoire du psychanalyste m’est venue. Je pensais que ce serait sympa, une situation un peu «à la Veber» où un patient tout à coup raconte à un psychanalyste qu’il a rencontré une femme mariée et le psy s’aperçoit que c’est lui le mari. »

- : « Pourquoi l’univers de la psychanalyse ? C’est quelque chose qui vous est familier ? »

B. J. : « J’ai choisi la psychanalyse pour plusieurs raisons. Je fais un travail sur moi permanent, je suis en analyse et chacun de mes comédiens, je crois qu’ils ne s’en cachent pas, travaille là-dessus également. C’est aussi l’univers de Woody Allen. Ca me plaît, ça m’intéresse et je trouve que c’est une situation extrêmement dramatique, il y a une ironie constante. Normalement, ce sont des gens qui connaissent bien l’individu, qui sont là pour aider les autres et tout à coup, quand ça les concerne eux, ils sont perdus… Montrer quelqu’un qui résout tous les problèmes, alors que lui-même va se montrer totalement immature face à son problème, je trouve ça extrêmement humain et vrai. »

- : « Est-ce que c’est la thématique du couple qui vous intéresse ? Ou est-ce que c’est parce que cette thématique permet de faire des comédies dramatico-romantiques que vous vous y intéressez ? »

B. J. : « Je crois que le couple m’intéresse. J’ai décidé de faire une trilogie sur le couple, donc il y a un autre scénario qui est déjà écrit, qui sera j’espère mon troisième film. Ce sera un film sur l’engagement. Etre avec quelqu’un ou chercher l’âme soeur, ce sont des préoccupations que tout le monde a et que j’ai. Moi-même, je suis en couple depuis longtemps et je croise beaucoup de gens qui se posent des tas de questions : être seul ou vivre à deux… Cette souffrance-là, en tant qu’artiste je la reçois et je la redistribue. J’ai envie d’en parler et de la partager. Et si je peux le faire avec humour et émotion, c’est tant mieux. »

- : « A la vision du film, il y a vraiment deux choses qui frappent : 1) l’art de la comédie de situation et 2) l’art des dialogues. Comment tricotez-vous tout ça ? Est-ce qu’à partir du moment où vous avez une idée, c’est facile à écrire ? Comment fonctionne la machine interne ? »

B. J. : « D’abord, je fonctionne par situations. Je me dis : tiens le type sur le divan qui raconte quelque chose à l’autre qui est intimement concerné par ça, cela va créer une ironie très forte chez le spectateur, une empathie, une cruauté mais aussi une humanité. En général, les dialogues viennent après. Au départ, je polarise vraiment sur la situation et comment je peux l’exploiter au maximum, en partant de quelque chose de très simple le mari, l’amant, la femme, à la limite du vaudeville. D’ailleurs pour compléter ma réponse sur la psychanalyse, je dirais que ça vient aussi de là : prendre une trame classique et l’amener vers quelque chose de moderne, de contemporain et même de générationnel. »


- : « Est-ce qu’au moment de l’écriture, vous avez des acteurs en tête ? »

B. J. : « En fait non, quand j’écris, en général je pense à moi et à ma femme, qui collabore un peu à l’écriture. Sur ce film, cela a été un peu particulier pour les personnages du patient et de l’amant. J’ai pensé assez vite à Julien Boisselier, avec qui j’ai déjà travaillé, parce que je trouvais qu’il serait extraordinaire dans le rôle de Raphaël mais pour le reste, je n’avais pas vraiment d’idée. »

- : « Julien Boisselier a joué dans votre premier film. Cela vous semblait évident qu’il ferait partie du deuxième ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de renouveler votre collaboration ? »

B. J. : « Pour moi, Julien est tout simplement l’un des plus grands acteurs de sa génération. Il est totalement en devenir, c’est un Patrick Dewaere en fait, quelqu’un qui est capable d’être extrêmement drôle et aussi extrêmement violent. C’est un écorché vif et je pense, en tout cas, je lui souhaite, que l’on va le découvrir de plus en plus. Il n’a pas peur du ridicule et il peut aller très, très loin physiquement. Dans la génération d’avant, on avait Patrick Dewaere ou encore Jean-Pierre Marielle, qui étaient des acteurs un peu à part mais qui avaient une humanité très grande. Il leur ressemble. »

- : « Et Richard Berry ? »

B. J. : « Grand acteur ! »

- : « On ne s’attend pas forcément à le voir dans ce film-là, dans ce rôle-là, d’homme abandonné par son épouse. Alors pourquoi lui ? »

B. J. : « Ce qui m’intéressait c’est que les deux personnages masculins devaient représenter les deux facettes de la masculinité. Il y en avait un qui était l’homme installé, un peu féminin à l’écoute des femmes, psychanalyste et l’autre c’était un homme plus viril, un aventurier. Et ce qui me plaisait c’était de prendre Julien qui est plutôt quelqu’un d’assez féminin dans sa séduction et de le mettre dans la peau de l’homme viril, et de prendre Richard qui a plutôt une image de vrai mec voire de macho dans sa caricature et d’en faire un personnage fragile. Parce que je savais que Richard, qui est un magnifique comédien, avait cette fragilité et cette humanité, facettes de son talent que l’on exploite que trop rarement. Souvent on le voit dans des choses très tragiques, par exemple dans Le petit prince a dit où il est splendide, ou bien on le voit dans des choses très drôles, je pense par exemple à Quasimodo del paris où il fait un prêtre à hurler de rire. Mais moi, j’avais envie de voir les deux en même temps, c’est-à-dire drôle et émouvant. Par ailleurs, il est extrêmement crédible en psy car je sais que lui-même, notamment depuis qu’il est réalisateur, s’intéresse énormément à l’inconscient ; il a fait La boite noire par exemple, donc je crois que l’on s’est bien trouvés sur ce terrain-là. »

- : « Et pour la troisième personne du trio : Judith Godrèche. Pourquoi elle pour le rôle de cette femme amoureuse ? »

B. J. : « Pour le personnage de Carla, il nous fallait un objet du désir. Il fallait quelqu’un qui soit à la fois populaire et qui puisse incarner cette femme qui hésite entre deux hommes, un peu comme dans les films de Claude Sautet ; César et Rosalie par exemple. Ce que j’adore chez Judith, c’est qu’elle a eu deux vies, deux carrières, une très sérieuse avec les films de Doillon, de Benoît Jacquot et après elle est passée à L’auberge espagnole, à Philippe Harel, a un penchant pour la comédie. Maintenant, peut-être est-ce lié au fait d’être devenue mère, je trouve qu’elle s’est unifiée, c’est-à-dire qu’elle est capable à la fois d’être drôle et émouvante tout en restant elle-même. Elle est extrêmement spontanée. Elle me donne tout ça dans le film et j’en suis ravi. »


- : « Quelles différences dans la façon de diriger Judith Godrèche, Richard Berry et Julien Boisselier ? »

B. J. : « Ma façon de diriger était différente pour chacun d’eux. Avec Julien Boisselier, on se parle peu. Un ou deux mots suffisent pour que l’on se comprenne. Il a une lecture très facile de ce que je fais puisqu’on se connaît bien. En général, j’ai juste à le pousser dans ses retranchements, je tente de lui faire lâcher prise parce que je connais aussi très bien ce qu’il sait faire, donc j’essaye de l’amener dans des terrains inconnus. Avec Richard, c’est différent. Il a une telle expérience, et c’est lui-même un metteur en scène. Avec lui non plus, il n’y a pas grand chose à dire, il faut surtout être bien connecté et être profondément à son écoute, et quand on est à son écoute, on voit où il veut aller et alors on a juste à pousser un petit peu par ci ou un petit peu par là. Il faut surtout, je crois, lui faire conserver la jubilation parce que Richard, pour le reste, il sait tout faire. Judith a une grande intelligence du texte et elle demande un véritable dialogue. Avec elle, il n’y a pas tellement de direction d’acteur sur le moment, il y a une discussion avant, sur les partis pris du personnage. »

- : « Qu’est-ce qui a changé sur le plateau par rapport à votre premier film ? Est-ce que vous êtes plus à l’aise ou est-ce que finalement le succès de J’me sens pas belle, tant au niveau du public que des critiques, met une pression supplémentaire ? »

B. J. : « Je n’ai pas ressenti de pression. Je voulais faire quelque chose de différent mais qui s’inscrit dans la continuité. Je pense que ce film est plus franchement drôle alors que dans J’me sens pas belle, c’était un mélange permanent d’émotion et de rire. Par contre, j’avais plus confiance en mon équipe, je travaillais plus en collaboration. Je pense que quand on fait un premier film, on veut tellement imposer sa patte que l’on a tendance à être très directif. Là, je l’étais moins. Le challenge c’est de savoir ce que l’on veut tout en restant à l’écoute. »

- : « Vous disiez que vous demandez à l’équipe de respecter l’acteur et l’auteur mais est-ce que le réalisateur Bernard Jeanjean respecte aussi l’auteur Bernard Jeanjean ? Quelle est la place de l’improvisation ? Est-ce que les acteurs ont un espace de liberté ? »

B. J. : « Sur ce film, j’ai laissé plus de liberté que sur J’me sens pas belle où pratiquement pas un mot n’a été changé. Sur celui-ci, je leur ai laissé davantage de marge parce que je m’attachais plus aux situations qu’aux dialogues en eux-mêmes, à part certaines situations, notamment dans le cabinet du psy où il y avait un dialogue très technique et auquel je tenais. Mais sinon, en général, je suis très preneur quand on me fait des propositions. »

- : « Et le montage ? On dit souvent que l’on réécrit un film durant cette étape ? »

B. J. : « Je ne sais pas si l’on réécrit le film à ce moment-là mais c’est sûr qu’on l’optimise. Parfois, il s’avère que ce que l’on monte différemment de ce qui était écrit dans le scénario, s’avère plus efficace. Donc oui, ça c’est l’écriture du montage, le souci de l’efficacité. »

- : « Quelle a été la scène la plus jouissive à jouer et celle qui vous effrayait le plus avant de la tourner ? »

B. J. : « Il y avait une scène qui durait à peu près 8mn, qui était une scène de séance de psychanalyse entre Julien et Richard, très payante à l’écriture mais dont je ne savais pas si elle allait tenir la route sur 8 mn, et ça a été extraordinaire. Nous étions même pliés de rire, c’était jubilatoire et j’espère que l’on va donner aussi ça aux spectateurs. Cela me rappelle des situations comme Le diner de cons avec Villeret au téléphone, et évidemment j’en parle en toute humilité, mais vraiment j’étais le propre spectateur de ça. Richard et Julien m’ont donné au-delà de mes espérances. »


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Fiche technique
Réalisation : Bernard Jeanjean
Scénario et dialogues : Bernard Jeanjean
Collaboration artistique : Martine Fontaine
Image : Eric Guichard (Afc)
Montage : Nathalie Hubert
Son : Kamal Ouazene, Emmanuel Augeard et Gérard Rousseau
Décors : Bettina von den Steinen
Costumes : Juliette Chanaud
1er Assistant réalisateur : Sylvie Peyre
Directeur de casting : Richard Rousseau
Directeur de production : Pascal Bonnet
Musique originale : Christophe Julien
Chef coiffeuse : Linda Hidra
Chef maquilleuse : Judith Gayo
Scripte : Agathe Sallaberry
Régisseur général : Bertrand Girard
Photographe de plateau : Jean-Claude Moiron
Producteurs associés : Fabrice Goldstein, Caroline Adrian et Antoine Rein
Distributeur salles France : Ugc Distribution
Ventes internationales : Ugc International
Editions vidéo : Ugc Vidéo
Une coproduction : Karé Productions - Delante Films - Rhône-Alpes Cinéma
Avec la participation de : Canal +, Cinécinéma et Kiosque
En association avec : Cofimage 18, Cinémage, Banque populaire Images 7, Soficinéma 3 et Sofica UGC 1
Avec la participation de : la région Rhône-Alpes et du Centre National de la Cinématographie
Et avec la participation de : la Procirep et de l’Angoa
© Karé productions - Delante Films - Rhône-Alpes Cinéma

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présentation réalisée avec l’aimable autorisation de



remerciements à Séverine Garrido et Emmanuel Leroux
logos, textes & photos © www.ugcdistribution.fr

Publié dans PRÉSENTATIONS

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